L'enquête qui fait "dormir les yeux grands ouverts" ...

Lorsqu'on s'attaque à un grand classique du cinéma, j'ose même le terme "clanssieux", (vieux grand classique) avec des yeux et un avis actuel, il faut savoir indulgence garder, raisons afficher et surtout opinion franche balancer.

Ce film de Howard Hawks avec le couple Bogart-Bacall n'a rien perdu de sa superbe les décennies venant, bien au contraire :

Plans savamment mis en place, le suspense tient principalement à la complexité de l'intrigue et de l'enquête qui se dévoile au public en même temps qu'à Marlowe, la relation d'abord tumultueuse puis progressivement amoureuse qui s'installe en parallèle (criante de vérité lorsqu'un couple d'acteurs l'est autant à l'écran qu'à la ville) ...


Résumé de l'histoire pour ceux et celle qui l'ignorent (et de ce que j'en ai compris) : le détective Philip Marlowe rend visite au général Sternwood, richissime vieillard handicapé au sujet du chantage dont fait l'objet sa fille cadette Carmen.. Marlowe aura fort à faire à démêler le nœud du problème, entre recherches de photos compromettantes, trafiquants de drogues et gangsters, mais comptera sur l'aide tumultueuse de la fille aînée du général, Vivian, dont il tombera progressivement amoureux.

La force de ce film réside dans la mise en place de l'intrigue et l'utilisation des plans classiques du film noir. On ne se lasse pas de la ténacité nonchalante de Bogart dans ce film (moins virulent que dans le Faucon Maltais mais toujours aussi entier), et de ses stratagèmes pour arriver au bout de l'affaire.

La gestion des ombres, les chassés-croisés des personnages entre poursuites et filatures, le NB donnant au film un côté plus inquiétant qu'au film de John Huston, (bien que l'interprétation des acteurs compense largement dans le film de 1941), et les répliques on ne peut plus naturelles ....


Les plans, du générique de début au mot "fin", sont fascinant (exception faite du baiser, il est filmé de façon timide disons, mais sans doute que Hawks n'était pas aussi proche de Boggie que l'était Huston ...)

Presque tout est là pour passer un bon moment ...

Presque, oui, car l'action pêche !!!! OK, c'est un film des années 40, OK, on ne maîtrisait pas autant l'action et les cascades que maintenant ... Mais quand on voit la vivacité de Bogart à dévaler un escalier ou frapper un gangster (et comment il arrive à désarmer un individu récalcitrant puis effrayé dans le Faucon Maltais), Merde ! On pouvait lui demander beaucoup plus !!!!

C'est le gros défaut de ce film et sans doute celui de toute l'époque : mise en scène sobre et magistrale , captation par les dialogue et ... action se résumant à de simples BANG BANG !

Un film typiquement années 40, qui si il était appelé à être refait ou réactivé aujourd'hui, mériterait son boostage à la testostérone.