La Voie du Polar Français selon la philosophie nietzschéenne et ... haute en couleurs sombres ...
Frank Costello, tueur à gages, est chargé de tuer. Normal, me direz-vous ... Sauf lorsque un meurtre apparemment sans accroc se transforme en chasse à courre par toute la police de Paris ...
Après le film noir américain, on passe de l'autre côté de l'Atlantique et chez nous ! Jean-Pierre Melville signe ici une synthèse du polar, du film noir selon les codes mis en place par Hollywood en lui injectant une philosophie tout à la fois allemande et asiatique, celle du bushido, celle mise en exergue juste après le titre :
"Il n'y a pas plus profonde solitude que celle du samouraï si ce n'est celle d'un tigre dans la jungle .. Peut-être ..."
Alain Delon joue ici sans doute le personnage primordial qui fera sa marque de fabrique dans les années 80 (Le Battant, Pour la Peau d'un Flic, Ne Réveillez pas [les couilles d'] un Flic qui Dort, ... Celui du guerrier solitaire, traqueur et traqué, à la fois unique et commun, comme personne et comme tout le monde ... Clint Eastwood, la mégalomanie en plus !
Sérieux, regard doux et placide, sans sentiments dans les exécutions et attendri par une femelle léopard en jupons, un tigre solitaire.
Traqué par une meute de loups, gardiens de l'ordre et de la morale, organisés entre eux et désorientés, désordonnés lorsque Costello est au milieu d'eux. En plus des commanditaires du meurtre qui l'a conduit à être accidentellement suspecté.
Tout autour du personnage principal est solitude. Sa méthodologie, ses gestes. Jusqu'à la décoration de son studio. Gris sombre, sobre, avec pour seuls compagnons des oiseaux enfermés dans une cage ... Comme le propriétaire ...
Son caractère et son comportement suivent l'évolution schizophrénique de ses tenues vestimentaires : pardessus clair et comportement neutre au début, tenue entièrement noire et fureur décuplée dans la seconde partie, pour se conclure par le même regard plein d'humanité et de sensibilité cette fois ...
Film d'hommes, les seules "fausses notes" est la femme noire (sans racisme hein !!!) et sa fiancée, qui seront les seules faiblesses du samouraï. Faiblesses qui seront exploitées par les policiers, après que toutes leurs méthodes de chasse traditionnelles eurent échouées ou n'eurent rien donné de probant.
La chasse se poursuit dans pratiquement tout Paris : ruelles, métro, passerelles, escaliers,
Les dialogues sont incisifs et courts. Tranchants comme des sabres.
La mise en scène soignée et efficace. Sans fioritures. les scènes d'action sont comme des combats à l'épée : vifs, rapides et impitoyables.
Réalisant son erreur, Costello décide de se rendre une dernière fois sur le lieu de son dernier crime dans le but avoué de supprimer cette "erreur". Leurs regards se croisant une nouvelle fois, il ne peut s'y résoudre et décide donc de sortir par la seule voie honorable : la mort par exécution de la police. Un Seppuku (faussement appelé Hara-Kiri) à l'occidentale.
L'amour est la seule chose qu'un guerrier solitaire et meurtrier ne peut se permettre d'avoir ...