J'avais dit beaucoup de bien de Preston Sturges pour son premier film, Gouverneur malgré lui. Voici donc son deuxième film, adapté de sa pièce de théâtre, parce que Môssieur Sturges écrivait aussi du théâtre. Ce qui a probablement aidé ses films à avoir une telle consistance et un sens du dialogue si affiné.
Interprété par Dick Powell, Jimmy est un jeune homme assez amer, qui végète dans son travail, persuadé de valoir mieux. Il a le soutien de sa fiancée, jouée par Ellen Drew, mais compte surtout sur un concours de slogans pour une marque de cafés richement récompensé. Des collègues de Dick profitent de sa mélancolie pour lui faire croire qu'il a gagné. L’annonce est répétée à tous, on le croit talentueux et il est promu, il dépense sans compter pour ceux qu'il aime, bref, la machine s'emballe…
Drôle et tendre, cette comédie, si elle n'a pas le mordant politique de Gouverneur malgré lui, en dit beaucoup aussi sur l'idéalisme naïf de son personnage dont le spectateur doutera jusqu'au bout de ses qualités réelles. Mais en faisant un pas en arrière on se constate aussi que le film se moque d’ une certaine société prompte à croire ce qu'elle veut bien entendre et valorisant ce qui l’arrange.
La pièce a été écrite en 1931, en pleine crise américaine, et on sent bien toute la méfiance de Preston Sturges envers la société capitaliste à travers l’exemple de ce concours pour une marque de café qui devient le centre de réactions sociales. Il a, une fois encore, le mérite de ne pas accentuer la charge, de l'enrober sous de doux airs, avec la dose d’humour nécessaire mais aussi une grande ironie. Ce court film, à peine 1 heure, se déguste d'autant mieux.