La fin d’un monde
Avant d’être un film, Le Guépard est l’unique roman d’un extravagant écrivain. Giuseppe Tomasi, 11e prince de Lampedusa et 12e duc de Palma, et le dernier mâle d’une famille que des biographes...
le 16 mars 2020
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Première rencontre avec le cinéma de Visconti, "Le Guépard" était sur mes listes depuis quelques mois déjà. Que dire qui n'est pas déjà était dit sur ce presque chef d’œuvre du cinéma ? Parler des sentiments peut-être. Car c'est peut-être c'est peut-être ce qu'exprime le mieux l'incroyable prestation de Burt Lancaster, "prince de Salina", digne représentant de la noblesse foncière sicilienne.
Le sentiment d'arrogance, de froideur et de suffisance d'abord, celle du patriarche qui en impose et qui toise la révolution des chemises rouge de Garibaldi. Nous fûmes les Guépards, les Lions ceux qui nous remplaceront seront les chacals et des hyennes... Et tous, Guépards, chacals et moutons, nous continuerons à nous considérer comme le sel de la Terre. Par cette allégorie de la sagesse divine, le Prince hurle toute cette suffisance qui caractérise si bien nos élites répulsives aux moindre changement, accroché coûte que coûte aux privilèges de leur classes et de leurs temps, convaincu du bien fait de leurs agissements et de leurs œuvres. Puis le sentiment de tomber en désuétude ensuite, celle de se voir pourrir, presque minable, relégué au rang de représentant d'un ancien monde devenu has-been aux yeux de la jeunesse bourgeoise qui pris le pouvoir. In fine, "Le Guépard" est aussi une parabole de notre époque contemporaine : "tout changer pour que rien ne change" et le remplacement d'une élite par une autre faisant fi, encore et toujours, des aspirations du peuple.
Long de plus de 3 heures qui avancent parfois sur un faux rythme passé la première heure et avant d'entamer son dernier arc, le film maintient néanmoins le spectateur éveillé par ses images éblouissantes pour la rétine. Visconti sublime chaque plan et le spectateur ressent jusqu'à la poussière et la chaleur des paysages de Sicile. A noter les prestations d'Alain Delon et Claudia Cardinale, impeccable l'un comme l'autre et qui excellent dans la naissance de leur passion commune.
En somme, "Le Guépard" se pare de cette classe qui le range au milieu des intemporelles presque parfait et que l'on ne regrettera pas de revoir dans quelques années, encore et encore ...
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Créée
le 6 avr. 2021
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