Je suis entré dans la filmographie de Nicolas Winding Refn par Drive. Ma note et sa présence en première place de mon top 10 en disent long sur le plaisir ressenti et renouvelé à chaque vision de ce petit bijou, plein de défauts et de tics mais que je chéris dans mon cœur.


J'avais ensuite été frappé par la beauté d'Only God Forgives mais un peu moins séduit par le côté quasi premier degré de sa métaphysique. J'y avais quand même perçu une version radicale de son personnage de Drive: un impuissant mutique et violent. Ce qui m'avait fait le plus peur en regardant ce film, c'est que j'avais alors pris conscience qu'il existait un risque qu'un jour, un film de NWR me déçoive... Cette angoisse a pris corps et m'a empêché pendant 4 ans de voir une autre pellicule signée Refn. Cette angoisse a pris fin hier soir sur le coup de 20H30 quand après avoir mis Térence au lit, ma femme et moi avons pris notre courage à deux mains pour lancer la lecture de Valhalla Rising...


Notre stress à tous les deux était tangible, moi je craignais de devoir faire rentrer NWR dans mon classement des réalisateurs à une place indigne de mon amour pour Drive, elle avait peur de ressentir ce qu'elle avait déjà éprouvé pendant Only God Forgives: ennui et dégoût par instant...


La radicalité du film aura rapidement eu raison de mes craintes. J'ai très vite eu le sentiment que malgré tous les reproches que l'on pourrait faire à ce film, malgré tout ce que j'allais lire comme critiques ou entendre comme remarques négatives, j'étais face à un film fait pour moi. Comme Drive. Une offrande de plans successifs tous plus beaux les uns que les autres. Refn abuse des filtres et des contre-jours, et alors! J'adore ça les filtres et les contre-jours putain! Refn abuse des trognes silencieuses et sales, who cares!


C'est beau, c'est mystique, c'est transcendant, c'est violent, c'est kitch, c'est froid, c'est bleu, c'est vert, c'est lumineux, c'est sombre, c'est Mads Mikkelsen de dos, de face, en gros plan, en pied, de profil, de trois-quart, torse nu, habillé, sur fond de montagne, sur fond de caillou, sur fond de ciel nuageux, sur fond de brume, entrain de se battre, entrain de marcher, entrain de construire un totem de pierre, entrain d'être muet, entrain d'être borgne, putain que c'est bon!!!


Outre ses qualités esthétiques je trouve un autre impact majeur de ce film sur moi: à la fin, j'ai eu envie de retenter l'expérience Aguirre qui m'avait laissé de marbre il y a de cela une quinzaine d'années. La bonne nouvelle c'est que ma femme aussi en a eu envie...


Refn qui me ramène vers Herzog, rien que ça, ça mérite un 9 et un dithyrambe.

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le 14 févr. 2017

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RunningJack

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