Ce troisième film clôture la trilogie du Hobbit, et c'est du grand spectacle. La qualité du film est aussi son défaut, car il est consacré à la guerre, et entièrement à la guerre, en premier lieu avec l’attaque de Smaug sur Lacville, puis la fameuse bataille des cinq armées (je vous laisse les compter, moi je n'y suis jamais parvenue). On assiste aussi durant la première partie du film au retranchement des nains, à la folie grandissante de Thorin, et à la trahison (ou acte héroïque) de Bilbon, qui remet l’Arkenstone à Barde pour éviter la guerre. Malheureusement, la trame scénaristique se contente de ces trois points, ce qui est très très peu, vraiment trop peu surtout pour un film de 2h20 (et 2h40 pour la version longue, celle que je possède). Tout le reste est consacré à l’action, et même si la bataille est la plus longue et la plus épique du cinéma, tous genres confondus, le manque de rythme peut lasser par moment.
Toutefois, le film en soi est loin d’être décevant, bien au contraire, il regorge de trouvailles intéressantes, pour varier les scènes de guerres. C’est aussi une conclusion honnête à l'histoire (telle que nous la connaissions), c'est en tout cas quelque chose que j’attendais, car il faut reconnaitre que Tolkien pouvait laisser le lecteur sur sa faim au bout de son roman: la scène de la bataille est décrite dans un chapitre qui survole les événements intervenant à la suite de l’aventure de Bilbon (et ce dernier n’est pas censé y participer de souvenir), exactement de la même manière que la guerre de la Comté à la fin du roman « Le Seigneur des Anneaux » pour ceux qui s’en souviennent. Cette fin m’avait quelque peu déçu, et je suis heureux que la bataille retrouve sa juste place dans la série de films de Jackson. En revanche, je crois que trois films étaient une entreprise presque prétentieuse (un seul film aurait suffi, je crois), cela aurait évité les scènes à rallonge, les maladresses, les ajouts dispensables... Mais cela me permet aussi de rester dans la terre du milieu plus longtemps à chaque visionnage, donc je ne vais pas bouder mon plaisir.
La musique est moins présente que dans les deux premiers films, mais cela n’enlève rien au talent d’Howard Shore, qui aura fait une performance impressionnante sur le long terme.
Les effets spéciaux sont mi-figue mi-raisin, quelques fois ça passe, quelques fois ça manque de finition, à l’image des deux films précédents. Mais dans l’ensemble, on oublie très vite l’aspect technique et on est embarqué dans la magie de l’action (toutefois, je crains que le film accuse le coup dans une quinzaine d’années).
Les acteurs sont géniaux, mais ne sont pas irréprochables pour autant. Martin Freeman (Bilbon), par exemple, semble lessivé par la durée du tournage. La chose qu’il fait avec son nez m’agace vraiment. Son jeu d’acteur, si rafraichissant au départ, semble à présent dénaturer le personnage. Quel dommage! Ian McKellen (Gandalf) est excellent, que dire d’autre, c’est un génie. Richard Armitage (Thorin Ecu de Chêne) est ma grande déception (comme je l'ai déjà dit dans mes deux premières critiques), je ne l’ai pas trouvé bon dans les trois films. Son jeu d’acteur est monotone (peut-être est-ce dû au rôle). La folie dans laquelle il plonge ne me convainc pas, et l’apparence de son personnage dénote avec le reste. C’est un des plus gros défauts du film, à mon sens. Luke Evans (Bard), je n’en avais pas parlé dans la critique du film précédent, mais, contrairement à Armitage, est un acteur sensationnel (selon moi). Il incarne à la perfection le sauveur de Lacville. C’est un très bon choix dans le casting.
D’une manière générale, cette trilogie est inférieure à celle du Seigneur des Anneaux, elle est moins travaillée, pour ainsi dire. On sent très bien que Jackson y a passé beaucoup moins de temps en amonts, en phase de postproduction. Mais c’est tout de même une œuvre qui mérite sa place en haut du panier, pour sa place dans le cœur du public et pour sa cohérence. Reste à savoir si nous aurons droit à une prochaine trilogie de la terre du milieu, le livre inachevé « Le Silmarillion » se prête à cette hypothèse. Attention tout de même de ne pas trop ronger la ficelle. Si l’univers de Tolkien doit encore s’étendre au cinéma, il faudrait l’envisager avec un grand respect, comme cela a été fait pour Le Seigneur des Anneaux, et ne pas prendre exemple sur « Le Hobbit », qui aurait pu être bien meilleur.
Bien entendu, je suis fan, et je chipote en relevant quelques imperfections, mais la série de films m’aura carrément transcendé. Je voyage à chaque fois que je les regarde. Je suis emporté, comme rarement avec d’autres films. Tout comme lorsque je lis les livres, j’ai adoré l’œuvre cinématographique.