Je prends le parti de n’écrire qu’une seule critique pour les trois films de cette seconde trilogie du Seigneur des anneaux et de ne mettre qu’une seule note. Et pour cause, c’est le même film coupé en trois parties. En d’autres termes, c’est une mini-série qu’on a distribué en salles. Pour autant, il est évident que l’ambition de Jackson est bien cinématographique. Et si la production semble avoir été un peu chaotique, le navire n’a pas pris l’eau et le résultat est conforme aux attentes. On notera que del Toro occupe le rôle de coscénariste. Dernière précision, je parlerai ici de la version longue.
Nous sommes avant les évènements du Seigneur des anneaux. Le hobbit Bilbon Saquet raconte ses aventures alors qu’il devait accompagner les nains pour les aider à récupérer leur royaume accaparé par un dragon. En parallèle, les forces du mal, en sommeil depuis bien longtemps, semblent être de retour.
La première remarque sera pour la performance. Le film a conservé à la nuance près l’image de la première trilogie. Grain, couleur et usage du numérique, rien ne diffère et pourtant 10 années séparent le premier tournage du second. On retrouve donc une cohérence rare et salutaire. On s’extasiera à nouveau devant des décors à couper le souffle, qu’ils soient naturels ou non. Les plans sur les montagnes de Nouvelle-Zélande sont somptueux, c’est l’évasion immédiate. Les décors numériques ne sont pas en reste quand on pense entre autres au palais des nains ou aux mines des goblins. Plutôt discrètes dans l’ensemble, les compositions numériques se font plus visibles dans les scènes d’action. Rien de véritablement gênant mais certaines scènes manquent de naturel et parfois il y a ce foutu problème d’éclairage non réaliste. A l’interprétation, c’est un sans-faute en particulier pour Ian McKellen et Martin Freeman. Freeman est absolument irrésistible de drôlerie et de mimiques tout en parvenant à chaque instant à incarner la gravité de la situation. Son jeu très anglais sonne parfaitement juste. La mise en scène fait la part belle au spectacle tant dans les décors comme dit plus haut mais aussi dans les scènes d’action qui sont assez monumentales par leurs batailles et autres cataclysmes. Peut-être est-ce parce que j’avais vu la première trilogie au cinéma mais j’ai été moins impressionné cette fois-ci. Pour ce qui est de la narration, avec le regard de celui qui n’a pas lu le roman dont cette trilogie est l’adaptation (plus ou moins libre si j’ai bien compris), c’est fluide. On reprochera quelques ventres mous, surtout dans le deuxième volet. Les trois heures que durent les deux premiers films n’étaient peut-être pas nécessaires. Et pourtant, à voir les scènes qui ont été coupées pour la version courte, la plupart ont leur importance (ceci dit, on aurait clairement pu se passer des chants à la Disney). Mais oui, il y a bien quelques longueurs et c’est le grief principal qu’on aura à formuler. L’autre regret concernera des dialogues un peu lourds, entre une emphase émotionnelle trop appuyée et des gags parfois ras les pâquerettes. C’est bien de finesse que l’ensemble manque.
Au final, ce projet ambitieux voire pharaonique atteint son objectif pour un œil profane comme le mien. Il manque un grain de folie ou un soupçon de profondeur pour en faire un grand film mais assurément, celui qui veut de l’épique y trouvera son compte.