Jackson Five
Je ne peux pas. Je ne veux pas. Noter plus bas est trop difficile, je ne peux pas m'y résoudre. Oui, je suis un fanboy total de l'univers de la Terre du Milieu depuis que mes yeux se sont posés sur...
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le 16 déc. 2013
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Légèrement au-dessus du premier volet, « The Desolation of Smaug » reste tout de même un épisode relativement médiocre de ce retour en Terre du Milieu. Si le film se perd un petit peu moins dans une sorte de contemplatif vide et chiant, il n’en demeure pas moins très long. Il n’y a pas grand-chose à raconter, mais le scénario prend son temps pour le faire, en meublant à outrance. Après une entrée en matière plutôt encourageante et avant une conclusion (à peu près) maîtrisée, en son milieu le métrage se perd dans une narration longue et fastidieuse. C’est un peu comme si les personnages cherchaient à comprendre ce qu’il se passe, alors qu’en réalité, il ne se passe pas grand-chose.
Se fait jour une volonté d’alambiquer un matériel de base pourtant facile à adapter. C’est censé être une aventure entre humour et expression de bonnes valeurs humanistes, sans trop d’épiques, l’ouvrage de Tolkien reste à la portée de tout le monde, par sa simplicité justement. Or, Peter Jackson, Fran Walsh, Philippa Boyens et Guillermo Del Toro (crédité au scénario), ont pris la mauvaise tangente et proposent plus que ce qu’ils ont à offrir. Déjà dans « An Unexpected Journey » il y avait une rupture entre un récit unidimensionnel (remettre Thorín sur le trône) et des scènes épiques spectaculaires sans enjeux, qui ne faisaient aucun sens. Avec « The Desolation of Smaug », il y a une volonté d’apporter de nouveaux éléments, avec plus de précision, pour annoncer les évènements de « The Lord of the Rings » et ainsi justifier toute l’entreprise. Mais ça ne fonctionne pas, puisque tout devient bordélique et clairement, le film ne sait plus ce qu’il doit raconter. Au point que le personnage principal semble être devenu Gandalf et non plus Le Hobbit du titre…
Un manque évident de recul apparaît dans la manière dont est orienté un récit qui tourne en rond, puisque ses enjeux sont déjà éventés avant la fin du premier volet. Alors ça meuble, mais du meublage de luxe, avec des guests comme Legolas ou Sauron [clin d’œil clin d’œil], mais aussi du remplissage vain et puéril, à l’image de l’évasion en tonneau par la rivière. Alors que dans le livre cette séquence s’avère assez courte, et normale, ici elle se transforme en combat épique, qui avec ses orcs de synthèse ressemble à une bouillie numérique indigeste. La palme revient à Legolas qui se retrouve en équilibre entre deux tonneaux, les pieds posés sur la tête de Nains (lol ?) dévalant le torrent. Cette position inconfortable, il la choisit quand même pour ajuster ses tirs sur les orcs : « nique la logique ». Il nous ressort également le coup du surf, sur le corps d’un ennemi cette fois. Cette scène symbolise tous les gros problèmes de cette nouvelle trilogie.
L’ensemble apparaît totalement grotesque, et sans cesse la surenchère rend difficile à regarder un film qui passe son temps à nous rappeler qu’il ne raconte pas grand-chose. Il se retrouve même à prendre des orientations douteuses, par la naissance d’une romance forcée entre un Nain et une elfe promise à Legolas. Prend alors forme une sorte de triangle amoureux, qui n’est pas exploité, ne sert strictement à rien et ralenti l’histoire de passages incompréhensibles, au point que les comédien.es semblent eux-mêmes interloqués par cet arc sorti de nulle part. À ce propos, le physique du Nain en question apparaît problématique, puisque ses comparses sont tous disgracieux, avec des traits très appuyés, des coupes de cheveux grotesques et tout un tas de prothèses ridicules. Des Nains de fantasy quoi, comme Gimli. Lui par contre, rien, il est beau gosse, et n’a de Nain que la taille. C’est comme si un personnage au physique non conventionnel ne pouvait vivre cette romance, qui semble ne se baser que sur le physique.
Cela soulève un autre point, qui est l’apparence de Thorín, là aussi, il n’a pas grand-chose du Nain de la Terre du Milieu. Lui non plus ne bénéficie pas d’une transformation physique le faisant correspondre à l’image créée par Tolkien, en cohérence avec l’univers. Là aussi, une personne au physique hors norme ne semble pas pouvoir être un leader et un féroce combattant. La production design souffre clairement d’un gros souci de réflexion, qui ne permet pas une immersion totale dans ce nouvel épisode issue de l’imaginaire de Tolkien. Et il est inutile de s’attarder sur l’affreux générique de fin par Ed Sheeran, qui comme celui du premier film s’avère d’une fadeur sans nom. Il ne retrouve pas la magie des génériques de « The Lord of the Rings » qui sonnaient vraiment Fantasy.
Cela dit, « The Desolation of Smaug » propose néanmoins des fulgurances qui permettent de le sortir de sa torpeur à plus de reprises que dans « An Unexpected Journey ». Notamment lors de cette séquence dans la forêt enchantée, avec son traitement psychédélique et bizarre, elle véhicule une ambiance qui fonctionne. Si la scène demeure trop longue, et qu’une fois de plus Peter Jackson se perd dans une volonté de rallongement, au détriment de l’efficacité, il faut accorder que le passage à de la gueule. Il en va de même pour le tête-à-tête très attendu entre Bilbo et Smaug, qui tient ses promesses. Malheureusement, la séquence suivante vient tout gâcher, encore une fois par une vaine quête d’épique, là où une orientation intimiste était de mise.
Toujours prisonnier de « The Lord of the Rings » — le film —, cette seconde incursion dans l’univers de « The Hobbit » peine à convaincre. Ce n’est qu’une pauvre redite d’un succès de dix ans, sans la magie ni l’innovation. Alors oui, techniquement le film innove, dans le choix de la caméra, de l’image par seconde, et le fait qu’ils aient été pensés en 3D. Mais sur le fond, sur la narration, les personnages, l’enchainement des péripéties, c’est sans imagination. Venant d’un cinéaste comme Peter Jackson, c’est particulièrement décevant, lui qui depuis 1987 redouble d’efforts à chaque nouvelle production pour proposer un aperçu de son esprit bouillonnant. Avec ce film, il prend ainsi en otage les amateurices de son cinéma, mais aussi les amateurices de Tolkien, avec une promesse de grand spectacle qui ne tient jamais parole.
-Stork_
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Créée
le 20 janv. 2022
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