[Garantie 0 spoiler]
Vu au Gaumont Opéra en VO 3D HFR (48 images/s). Projection très propre, bonne 3D et HFR très agréable une fois que l'on s'y est fait, surtout dans certaines scènes clefs.
Retour en terre du milieu une avant-dernière fois !
Le père Jackson étire ici son histoire du Hobbit dans un deuxième épisode de transition, entre le début de l'aventure toujours un peu long à se mettre en route, et une méga-baston finale pour l'année prochaine.
Globalement l'exercice est plutôt réussi, Jackson trouvant enfin un certain rythme et nous offrant un divertissement techniquement ultra-pointu et assez réjouissant, mais loin d'être exempt de défauts.
La longueur tout d'abord, qui avait déjà fait grincer des dents sur le premier Hobbit qui aurait pu se dispenser d'environ 30min d'arcs narratifs inutiles, fait son grand retour ici. Certes le rythme est plus soutenu, certes l'histoire est un peu plus prenantes et certains de ces arcs, tricotés par Jackson au grand dam des puristes, se révèlent plaisants et plutôt bienvenus (enquête de Gandalf et intrigue de Bard). Mais certains sont aussi ultra lourds... Mention spéciale à une romance complètement forcée qui se glisse gratuitement au milieu du reste. On l'imagine d'ailleurs fugace dans un premier temps, et finalement assez rafraîchissante dans l'univers viril de Tolkien, mais elle revient en force en fin de film pour vous plomber le rythme de toute la dernière demi-heure...
Deuxième grand défaut de Jackson loin d'être résolu, et sans doute le pire, l'overdose dans les scènes d'action. Depuis King Kong le réalisateur ne sait plus créer une scène efficace, concise et marquante sans en rajouter des tonnes :
- On en prend plein les yeux au début et on est marqué par certaines images fortes
- On se demande où ça mène au milieu
- On a l'impression d'avoir vu 3 fois la même scène d'affilée, on oublie les images fortes et on attend que ça se finisse.
Dans King Kong une charge de diplodocus ne suffisait pas, il fallait rajouter des raptors, puis rajouter une falaise qui s'effondre, etc. Pareil pour Tintin qui après avoir crashé un hydravion se sent obligé de rajouter un suspens inutile avec l'hélice menaçant la tête du héros. Ici, même principe, et les scènes finissent par être tellement délirantes qu'on ne sent à aucun moment le danger planner sur nos héros qui placent des headshots à la dague sans se retourner. C'était des instants fugaces, presque humoristiques et marquants dans le Seigneur des Anneaux (notamment avec Legolas), ici c'est tellement courant que ça ne marque plus personne.
Ajoutez à l'ensemble un déluge de soleils couchants bien gavants comme dans le premier, et on frôle assez régulièrement l'indigestion.
Ces défauts de longueur représentent l'essentiel des soucis du film qui reste quand même bien servi par des scènes qui sonnent juste (Mirkwood, qui semble court parce que le reste est long, mais c'est la bonne durée), des décors réellement fouillés (chez Trandhuil, Laketown, Erebor) et quelques performances. Trandhuil sonne juste : classe, hautain mais charismatique en leader méprisable. Bilbo trouve le ton juste après un certain surjeu dans le premier épisode. Il signe quelques moments très forts du film, notamment par sa gestuelle humoristique unique.
Smaug enfin qui vole le film à lui tout seul. C'est LUI l'attraction totale du film, et sa première scène avec Bilbo est tout simplement une perle, comme Gollum dans le premier. Dialogues savoureux avec une voix divine, jeux de cache-cache maîtrisé et deux acteurs avec une alchimie du tonnerre (Sherlock & Watson ici, pour l'anecdote...). Le HFR (48 images/s) du père Jackson se justifie pleinement dans ses apparitions, lui donnant une élégance et une fluidité de mouvement rare. Une réussite totale.
En conclusion, le Hobbit poursuit honnêtement la quête entamée, dans une continuité de divertissement assumée, mais toujours plombé par des rallonges inutiles et de l'overkill à chaque scène d'action qui fait perdre toute crédibilité aux tentatives de tension dramatique. Mettez un peu le cerveau sur off, oubliez le livre, pardonnez lui ses égarements, et vous profiterez tout de même d'un divertissement de très haut niveau à la direction artistique toujours maîtrisée, et mettant en scène le dragon le plus dingue qu'ait connu le cinéma.
La recommandation technique : A voir en 3D HFR ou en 2D. Pas d'Atmos + HFR cette année...