Étape 1/3 : Check (en blanc ?)
/!\ Cette critique ne contient aucun spoiler majeur, et se base sur la version 2D du film (et donc sans avis sur le HFR (48 fps) et la 3D, présentés comme les 2 gros enjeux techniques).
Le scénario et l'adaptation
Comme pour le Seigneur des Anneaux, c’est respectueux sans être fidèle : ce n’est pas une transposition maniaque qui colle des images sur le texte, mais bien une œuvre filmique qui ne trahit jamais l’univers et l’esprit du roman. De l’humour, des clins d’œil, des personnages bien développés (les nains ne sont pas horripilants comme le début peut le laisser craindre, mais au contraire très attachants), des dialogues bien adaptés : un travail réussi, et très cohérent.
Le Hobbit est un film bavard, mais sans outrance. Le rythme et la narration sont équilibrés : pas d’indigestion et pas d’ennui, les 2h40 passent vite et sont très agréables ; C’est fluide, compréhensible pour tous sans être crétin, et sans laisser de côté les tolkieniens un peu plus hardcores avec des références (au Silmarillion, par exemple) bien placées. PJ est toujours autant passionné par son sujet, ça se sent en permanence.
Le casting et la réalisation
La mise en scène est sans surprise (dommage), mais très efficace. Les plans aériens virevoltans et les paysages néozélandais ne surprennent plus, mais sont toujours autant délectables. Le casting est le gros point fort du film : des anciens aux nouveaux éléments, ils sont tous à leur place et offrent des prestations impeccables, voire impressionnantes (Martin Freeman !). Quant à la VF, elle est excellente, du niveau de la trilogie SDA (les détracteurs cracheront dessus comme d’hab', hein). Jean Piat est toujours aussi parfait.
Techniquement...
Les effets visuels sont du même niveau que ceux de la trilogie : quelques CGI sont très détectables, mais en règle générale c’est homogène et "bien foutu" (encore heureux). En soit, ça peut être désappointant, le film se prétendant être le fleuron technologique actuel, alors que la communauté a 11 ans... Et même si dans la manière de faire, "tout a changé" (dixit PJ), dans le rendu il n’y a rien de vraiment neuf ou de révolutionnaire. Attention, en 2D/24 fps, ça reste superbe (plus qu’en 3D/48, vu certains retours ?), et dans le haut du panier de ce qui se fait dans le domaine. On a hâte d’avoir les bonus pour voir le boulot (énorme) sur les maxitures, les décors, les prothèses (impec’)... Et certains plans sont à tomber (Fendeval, Erebor).
La photographie et la musique
Bien souvent, la palette est "à la mode" avec l'utilisation du fameux contraste bleu/orange. Il ne manquerait plus que les lens flares (ouf). Mais sur les grandes lignes, Le Hobbit conserve quand même l’empreinte et le caractère de la première trilogie. On est encore et toujours en territoire connu : l’identité visuelle du film est conforme au SDA, on se retrouve "comme à la maison". C’est une sensation extra, mais qui en même temps peut être frustrante pour celui qui s’attendrait à recevoir une nouvelle claque inédite dans la tronche.
Quant à la musique, la BO de Shore est excellente même si elle manque elle-aussi de surprise. Ça reste un bonheur de retrouver les bons vieux thèmes (Gandalf, anneau, comté, mines...) et les nouveaux sont très chouettes (le thème des nains, carrément épique !). Concernant son intégration dans le film, c'est parfait. Ni trop, ni pas assez : exactement ce qu'on attend d'une partition symphonique ample pour un tel film. Faudrait juste expliquer pourquoi il a utilisé le thème des Nazgûl pour l'affrontement Thorin/Azog...
CONCLUSION
Alors que la trilogie de l'Anneau est un monument quasi-mythologique sur la guerre, les hommes, et la fin des temps, Le Hobbit, avec son récit largement moins ample et majeur, n’est qu’un "modeste" conte sur le courage et une ode à l’aventure. Avec l'effet de surprise en moins et un risque de désillusion nostalgique en plus, il peut décevoir certaines attentes, dont celles des spectateurs qui ne connaissent pas les desseins du roman. Peter Jackson a pris beaucoup de plaisir à mener son bébé, qui à défaut d’être un chef-d’œuvre, est "juste" un très bon film d’aventure, de la fantasy de qualité comme on en voit pas assez souvent, qui régalera ceux qui apprécient le genre. C’est aussi un excellent prétexte pour retourner en terre du milieu...
Pour l’instant il apporte plus du temps additionnel au SDA qu’il ne construit sa propre route, et il aura bien besoin des 2 autres films pour exister en tant qu’œuvre à part entière. Mais PJ semble vouloir étoffer le roman pour le sublimer, reste à voir ce que donnera son ambitieux projet à terme, et si les connexions avec l'autre trilogie, pourtant si éloignée de par sa nature, sont judicieuses. Perso j'y crois, et j'ai hâte de découvrir la Désolation de Smaug.