Il n'est de véritable déception que de ce qu'on aime.

Fans de la trilogie de Peter Jackson, passez votre chemin. Non, Le Hobbit n'est pas un mauvais film, mais attendre une œuvre au niveau du Seigneur des Anneaux vous conduira vers une déception cuisante. Pourtant le projet est confié à la même équipe. Même réalisateur talentueux et passionné, même acteurs charismatiques et même bande-son très, voir trop, proche de celle des films précédents. Alors pourquoi ce résultat? La réponse tient en une phrase : Trop d'effets spéciaux tuent les effets spéciaux.

Jackson l'avoue facilement, il a beaucoup plus utilisé le numérique dans ce film pour un gain de temps et d'énergie. Il n'aurait pas du. On en vient même à se demander si c’est Disney qui a obtenu les droits de la franchise en même temps que ceux de Star Wars. Entre un chef orque aussi réaliste et charismatique que Falcor, le dragon/caniche de L'histoire sans fin, la scène de poursuite dans l’antre des gobelins semblable à un niveau de Donkey Kong Country et un trio de trolls qui pourrait jouer dans Scènes de ménage, on ne sait plus s'il faut rire ou pleurer. Mais ou sont les batailles épiques dans la Moria et les ennemis repoussants de La Communauté de l'Anneau ?

Très gênante aussi, l'impression pendant tout le film que l'histoire n'est pas prise au sérieux. Après une première heure réussie, on a l'impression que tout est prétexte à faire rire le spectateur. La dose subtile d'humour présente dans l'ancienne trilogie, notamment avec le personnage de Gimli, est largement dépassée dans Le Hobbit. Au rayon des scènes à la limite de l'intolérable, citons une course poursuite entre un magicien fou sur un traîneau tiré par des lapins poursuivit par des sortes de loups sous acide et une rencontre avec le chef des gobelins à oublier au plus vite. Cerise sur le lembas, une réplique entre Gandalf et l'un des nains qui utilise la fameuse expression "tomber de Charybde en Scylla". Vous serez donc ravi d'apprendre qu'Homère est connu jusque sur la Terre du milieu. Espérons que cette erreur soit à imputer au doublage et pas au dialogue original.

En parlant de doublage, la chanson des nains, élément central des bandes annonce, est un véritable crime en version française. Pour finir sur les catastrophes, il serait bon d’enfin expliquer aux réalisateurs et producteurs hollywoodiens que la 3D au cinéma a plus d’intérêt dans les pubs Haribo que dans l’intégralité de leurs films.

Au rayon des bonnes nouvelles, car il y en a, la performance de Martin Freeman, le petit nouveau qui incarne de façon savoureuse Bilbo Sacquet. La scène d'introduction aussi est un vrai régal et le passage le plus attendu, les fameuses énigmes dans le noir entre Gollum et notre hobbit est à la hauteur.

Pour résumer, un bon film oui, mais loin, très loin de l'excellence de ses illustres aînés.