Il y a quelque chose d'éminemment suspect dans cette nouvelle série initiée par Peter Jackson.
On est en effet tout à fait habitué à ce que l'industrie cinématographique resserve inlassablement les mêmes plats tant qu'elle peut en retirer un peu de sauce, même figée. Qu'un créateur, par contre, souhaite s'y recoller, est plus rare.
Pire, qu'il décide de conserver exactement la même forme que pour ce qui l'a rendu à tout jamais célèbre, et nous avons toutes les raisons de devenir dubitatifs.
Ainsi donc, alors qu'il pouvait donner à cette nouvelle adaptation la forme qu'il souhaitait, Jackson décide de sortir trois volets au format identique à la première trilogie, avec les mêmes dates de sortie (décembre) permettant la même commercialisation (version courtes en DVD au printemps et longues à la fin de l'automne, on parie ?) et on se dit que soit le garçon est fétichiste ("vous avez aimé ? vous aimerez !") soit en manque quasi-total d'inspiration.
Ah et cette dernière possibilité: qu'il ait décidé d'appliquer stricto sensu une recette financière qui a prouvé son efficacité. Dans les trois cas, ce n'est pas très rassurant.

Le film, et ce n'est pas étonnant, renforce ce malaise. On a très rapidement l'impression d'une re-visite d'un film vu et revu. Une variation. Une déclinaison.
Le pire, c'est que ce n'est même pas désagréable. Ni même emmerdant. Les 2h45 défilent sans surprise, mauvaise ou bonne, d'ailleurs (pas de morceau de bravoure dignes de ce nom à se carrer sous la dent. Les tentatives en ce sens sont boursouflées ou un peu incongrues).

Cette exploration pour le coup très attendue permet donc de stigmatiser la Jackson's touch. Ses excès deviennent pénibles (alors que très bien tolérés dans la première trilogie): quel intérêt à ce fuckin magicien au traineau tiré par des lapins, grand dieux ? Sa façon de cadrer un peu trop systématique: certains plans sont si identiques que je défie quiconque de retrouver les scènes d'origines quand on fera un grand blind-test sur les 6 films dans une dizaine d'années.

Reste le plaisir de visiter des contrées encore inexplorées par la première trilogie, découvrir des personnages nouveaux, renforcer le background de certains autres, plus connus.
Surtout que le score de Shore et l'identité visuelle de l'univers sont si forts qu'on est plutôt biens, confortables, pendant la projection, contents de retrouver un coin qu'on a tant aimé

Avec, bien sûr, l'éternel problème des préquelles: si elles avaient existé avant, l’œuvre d'origine aurait comporté nombre d'allusions et de références impossibles puisque non imaginées au moment ou elle a été crée (vous me suivez ? Pas sûr que ce soit bien clair, là…)

Bref, malgré un tombereau de bémols, un film loin d'être désagréable mais qui aurait pu, fort de la liberté de son auteur, être tellement plus inventif, surprenant, intense, jouissif.

Hobbit au cul, disait la baronne...

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le 27 déc. 2012

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guyness

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