Un récit paresseux, beaucoup d'effets spéciaux pour au final pas grand chose...
"The Hobbit" est un doigt d'honneur dressé honteusement vers la trilogie d'origine, un conte enfantin digne d'une animation Disney bas de gamme mais certainement pas de la grandeur de l'œuvre de J.R.R. Tolkien. Un récit paresseux, calqué sur la trilogie d'origine, qui a besoin de 40 minutes d'introduction, de flashbacks, de voix off et de blablas explicatifs pour démarrer, et qui enchaîne sur des scènes d'action spectaculaires quand il tombe à court d'inspiration. Peter Jackson nous confirme qu'il est un grand magicien des effets visuels, mais il semble avoir perdu toute once d'humanité et de compassion envers le contenu du matériau de base.
Etait-il vraiment nécessaire de repuiser dans l'univers du "Seigneur des Anneaux" et de revenir avec une nouvelle aventure tirée des histoires de J.R.R. Tolkien ? En l'occurrence non. Peter Jackson invente une histoire qui prendrait trois film sur base d'un petit roman de J.R.R. Tolkien. Si ce premier film n'est que le début de l'aventure, on se rend vite compte que la structure du scénario est calquée de la trilogie du "Seigneur des Anneaux". L'histoire commence au pays des hobbits, et Gandalf vient inviter un hobbit, Bilbon Baggins, à faire partie d'une aventure. Le reste de ce premier film n'est qu'un parcours parsemé d'embuches pour les héros du film, et leur objectif ne sera atteint qu'au bout du troisième épisode.
Un récit paresseux, qui a besoin de 40 minutes d'introduction, de flashbacks, de voix off et de blablas explicatifs pour démarrer, et qui enchaîne sur des scènes d'action spectaculaires quand il tombe à court d'inspiration. Nous suivons le parcours de nains en quête de leur ancien royaume éloigné et tenu par un dragon très dangereux. Ils seraient prêts à se sacrifier pour cette quête plutôt que de profiter de la vie et de s'installer là où il y a de la place. Avouons-le, cette histoire a tout d'un conte conservateur et formaté traitant de l'honneur guerrier, cette valeur unidimensionnelle et moyen-âgeuse qui était magnifiquement illustrée dans la trilogie d'origine et qui perd ici toute sa profondeur et son caractère humain au profit de scènes d'actions au graphisme flamboyant mais inutiles.
"The Hobbit" est en réalité un conte illustratif, avec ses images, ses décors, ses couleurs, ses costumes, ses maquillages, ses musiques et ses effets spéciaux admirables. Les fans de la trilogie du "Seigneur des Anneaux" prendront un malin plaisir – un plaisir aveugle – a redécouvrir cet univers et les personnages qu'ils connaissent déjà. Pourtant, ce film n'apporte rien de neuf par rapport aux "Seigneur des Anneaux", si ce n'est de nouveaux grands méchants (orque, goblin et dragon) numériquement mal animés et un magicien dingo au look dégueulasse. Le récit est une redite plus formatée et allégée de la trilogie d'origine, et déguisée en un joli conte pour enfant digne d'une animation Disney au contenu fort basique et classique. Soyons clair, cette aventure composée uniquement d'hommes est assez rébarbative et on pourrait même carrément se passer du personnage central de l'histoire, à savoir ce hobbit peu entreprenant.
En soi, tout ce qu'on voit dans ce film, c'est un hobbit entraîné de force dans une aventure avec Gandalf et des nains, et tous doivent tour à tour faire face à divers obstacles. Dans l'ordre : des trolls, des orques, des goblins, et de nouveau des orques. Mais alors que les combats du "Seigneur des Anneaux" étaient on-ne-peut-plus épiques, les scènes de bataille du "Hobbit" ne sont ici qu'un prétexte à utiliser des effets spéciaux et à nous en mettre plein la vue. Un spectacle bien triste! Ian McKellen lui même a pleuré pendant le tournage en se retrouvant devant un fond vert et des nains numériques réduits à des points fixés au mur. Cette aventure n'a plus rien d'humain et les valeurs véhiculées dans la saga originale, telles que l'honneur, la détermination et le courage, n'ont plus leur place.
Alors OUI, le récit est prenant, OUI il est divertissant, OUI ça fait plaisir de retrouver cet univers, OUI la mise-en-scène est extrêmement bien ficelée. Seulement, Il n'est plus question d'épique et de magie, mais bien d'effets spéciaux. Et encore, Jackson choisit la facilité avec les effets numériques plutôt que d'avoir recours aux bien meilleurs effets mécaniques et aux maquillages surprenants de la première trilogie. Quant au scénario, il est ridicule et inutile par rapport à la trilogie d'origine. Cette médiocrité du "Hobbit" est alarmante tant peu de spectateurs s'en rendent compte. À croire qu'une ostentation d'effets visuels suffit de nos jours à rendre le public heureux. Quelle bassesse !