Ils sont différents mais ils deviendront inséparables

Au commencement, il n’y avait rien, il n’y avait, que la musique. Au premier jour, il a fait le soleil, ça pique aux yeux. Et puis, il a fait la terre. Le deuxième jour, il a fait la mer, ça mouille les pieds, et puis il a fait le vent, ça chatouille. Le troisième jour, il a fait les disques. Le quatrième jour il a fait la télévision. Le cinquième jour, il a fait l’herbe. Quand on la coupe, elle crie, il faut la consoler, lui parler gentiment. Quand on touche un arbre, on devient un arbre. Si on ferme les yeux, on devient une fourmi. Le sixième jour, il a fait les hommes. Il y en a de toutes les couleurs. Dimanche il c’est reposé, c’était le septième jour…


===Un film qui amène à la réflexion===


C’est avec ce petit monologue aussi naïf que touchant, reprenant la création du monde en la remaniant du point de vue du héros, que notre film commence et que l’on nous présente notre personnage principal, Georges, atteint du syndrome de Down « trisomie 21 ». '''Une comédie dramatique différente de tout ce que vous avez pu voir au cinéma ou à la télévision''', '''un jeu d’acteur d’une justesse et d’une sincérité rarement vu dans un film français''', '''un film qui ne laissera pas indifférent de par ce qui est dit''', '''montré''', et '''la réflexion qu’il en ressortira à la fin de sa vision'''. Le Huitième jour c’est '''une perle rare''', '''un condensé d’émotions fortes''', '''un véritable bijou du septième art''' qui mérite largement la récompense qu’il a reçu en 1996 au festival de Cannes. L’affiche du film, qui ne sera pas sans rappeler celle d’un autre grand film, Rain man, vous montre clairement ce à quoi vous allez assister, et encore, vous n’avez encore rien vu de toute '''la profondeur des personnages''', '''de l’esthétisme du long métrage mais aussi ses musiques tout bonnement magiques'''. Le Huitième jour c’est un film qui vous fera ressortir grandi. Le regard que certains pourraient avoir sur ce handicap qu’est la trisomie pourrait amener à être changé à travers ce film, émouvant, vous montrant tout le bonheur et l’amour que ses hommes et ses femmes peuvent apporter.


===Daniel Auteuil, aussi brillant que touchant===


Harry est un cadre brillant de 40 ans se forçant a être toujours enthousiaste. Ce qu’il enseigne lors de ses séminaires où il enseigne quotidiennement à des futurs employés de banque c’est que tout doit toujours bien allé. Pourtant, quand il n’est pas à son travail, Harry a beaucoup de mal à ne pas penser à sa femme ou à ses deux filles qui ont finis par le quitter. Cette rupture a fait de ses hommes un homme seul, malheureux et ayant par moment des pensées suicidaires. C’est alors qu’un soir, sur une route de campagne, il rencontre un jeune homme trisomique ayant quitté l’institut spécialisé dans lequel il était. La communication, cette difficulté à s’adapter entre les deux hommes sera très dure au début et Harry, ne voulant pas l’abandonner, décidera de l’héberger et l’aider à retrouver sa mère.


'''Qu’importeront les évènements qui les feront se séparer, Harry et Georges n’arriveront plus à se défaire l’un de l’autre'''. Harry sera le seul homme normal '''qui acceptera Georges et l’aimera comme on aime un ami ou bien son propre fils'''. Harry qui vivait avant dans un monde où il confondait sa vie professionnelle avec sa vie personnelle où il cumulait les erreurs, oubliait des évènements importants comme l’anniversaire de sa fille va rencontre un jeune homme qui lui '''apprendra les valeurs de la vie comme l’amour, le bonheur, la générosité'''. Daniel Auteuil, aussi à l’aise dans le drame que dans la comédie, '''livrera ici l’un de ses plus beaux rôles'''. Son alchimie avec Pascal Duquenne marche à la perfection, tant et si bien qu’on y croit jusqu’au bout. L’interprétation de ses deux acteurs est '''naturelle''', '''on n’aura jamais la sensation de les voir jouer'''. Quelle prestation !


===Pascal Duquenne, un jeu d’acteur bluffant et débordant de sincérité===


Georges est un jeune trisomique qui n’ayant pas la possibilité d’être hébergé par un membre de sa famille, a été placé dans une institution spécialisée. Georges, c’est un adulte/enfant qui est en manque d’affection. Sa mère lui manque terriblement, '''il souffre du rejet des personnes qu’il aime naturellement'''. Le jeune homme c’est créé une façon de vivre et de voir le monde différente des autres. Il refuse la réalité, refuse que ses désirs ne puissent pas s’exaucer et '''préfère s’enfermer dans ses rêves'''. Son handicap l’empêche de se faire une place dans la société, '''étant sans cesse jugé par son apparence'''. George souffre terriblement mais essaye de passer outre. Ce handicap fait de lui quelqu’un de spécial. Pas dans le mauvais sens du terme mais dans le bon. Il a cette sensibilité, cette gentillesse et cette générosité faisant de lui un être à part.


A travers le film, '''nous ressentons ce qu’il ressent'''. Il ne pourra jamais avoir une vie normale et s’en rendra compte petit à petit. Il y a aussi '''quelque chose de philosophique dans sa façon de voir notre monde mais aussi à travers les rêves éveillés ou endormi qu’il fera'''. Ces rêves ont '''une signification importante''' que l’on comprendra vers la fin du film. C’est alors qu’un jour, alors qu’il avait décidé de quitter l’institut pour retrouver sa mère, Georges rencontrera Harry. De cette rencontre, la vie de George sera changée. '''Deux hommes différents dont les blessures du passé vont les unir'''.


Le Huitième jour c’est aussi '''un jeune homme qui aime sa mère et nous le prouve tout le long du film'''. Que ce soit avec des chansons de Luis Mariano comme « Maman la plus belle du monde », la mère de Georges incarne de la mère douce, tendre, aimante et réconfortante. Dans les rêves que Georges fait, elle est toujours là pour lui rappeler que même s’il est différent des autres, il doit s’adapter. Georges ne sait pas qu’il est trisomique, il sait qu’il est différent mais c’est tout. Et ce qui sera pour le moins drôle sans pour autant être moqueur c’est que Georges est persuadé d’être né en Mongolie. Car physiquement, les trisomiques ayant les yeux quelque peu bridés, le surnom « mongoliens » en rapport avec les habitants de ce pays, leur a été donné. Au travers des 2heures de film, nous remarquerons que Georges, et n’importe quel autre individu trisomique, ont besoins de beaucoup d’attention, besoins de vivre dans un lieu où ils se sentent en sécurité.


===Un trésor du cinéma Français===


Le Huitième jour c’est un des films qui a bercé mon enfance. Malgré le fait d’avoir été quelque peu dérouté par l’apparence et le comportement de notre personnage principal, j’ai pu découvrir, cerner le comportement de ses personnes handicapées mentale mais terriblement attachantes. Même si physiquement et mentalement elles sont différentes de nous, elles ne sont pas moins meilleures que nous. Capables de nous ramener à l’essentiel, nous apporter un amour sincère qui ne changera jamais, apportant du bonheur comme s’il en pleuvait, ces personnes, même si leur comportement met mal à l’aise aux premiers abords, même si elles ont la naïveté et l’émerveillement d’un enfant, sont touchantes. Joli petit témoignage d’un Pascal Duquenne très optimiste voulant mettre les choses au point vis-à-vis de sa maladie : "Je suis trisomique mais je ne me considère pas comme un handicapé. Je suis quelqu'un de normal, on a tous nos différences. Certains ont des lunettes. Moi, je peux parler, entendre, voir et marcher".


Là où le Huitième jour émeut aussi c’est du coté de ses '''somptueuses musiques''' composées par Pierre Van Dormael , compositeur de la bande originale du film Mr Nobody et frère du réalisateur du Huitième jour. Par ses nombreuses musiques, Van Dormael '''nous transporte, nous émeut, nous fait verser une larme aussi bien de tristesse que de joie, et ce, de façon continuelle'''. Le Huitième jour c’est donc ce tout qui rend le film si '''émouvant et attachant'''. Que ceux qui ne sont pas très friands de Luis Mariano se rassurent, notre film est ponctué de plein de style de musiques différentes : Mozart, Genesis, Serge Gainsbourg et même une fanfare. Le message est transmit : deux personnes différentes qui devront s’accepter mutuellement, deux personnes qui sont pourtant pareilles.


Une scène résume bien ce message où l’on nous montre Harry et Georges allongé sur l’herbe pendant une minute sans rien faire que de profiter de l’instant présent. Pendant cette minute il n’y a plus de jugement, plus de discrimination, plus aucun bruit sauf le chant des oiseaux, nous sommes face à deux êtres humains allongés. Quel magnifique passage ! Georges et Harry ne seront pas les seuls protagonistes de notre film. Sur leur route, ils seront amenés à rencontre l’ex femme d’Harry « interprétée par Miou-Miou », ses deux filles, la sœur de Georges et beaucoup d’autres personnages qui auront leur importance dans le film.


« Je suis pas comme les autres. Oui c’est vrai, tu es mieux que les autres ».


===Pour conclure===


Touchant, rempli de tendresse, inoubliable, soigné, un jeu d’acteur plus que convaincant, une mise en scène et réalisation extraordinaires, rempli de poésie, des musiques somptueusement intenses, un jolie message rempli d’espoir, mélancolique et parfois comique, ne vous méprenez pas, Le huitième jour provoquera en vous à plusieurs reprises un gros pincement au cœur. Qu’on se le dise, ce film le fera chavirer.

Jay77
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le 30 mars 2016

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Jay77

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