Le Jaguar
Chez le scénariste Francis Veber, on trouve très régulièrement des François Pignon ou Perrin et les Campana. Je ne ferai pas de grandes théories sur la question car j'en suis bien incapable mais tout...
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le 20 juin 2022
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Chez le scénariste Francis Veber, on trouve très régulièrement des François Pignon ou Perrin et les Campana. Je ne ferai pas de grandes théories sur la question car j'en suis bien incapable mais tout le monde a bien remarqué que Francis Veber aimait, dans ses scénarios ou dans ses comédies, à opposer deux personnages incompatiblement irréconciliables, l'un, Campana, costaud, cartésien, droit dans ses bottes, l'autre, François Perrin (ou Pignon) naïf, rêveur, mis dans des situations qui le dépassent.
Ensuite, on peut parler de la nuance Pignon ou Perrin. Pignon est plus dans la naïveté, la candeur voire la gentillesse qui confine parfois à la bêtise. Perrin est plus dans la malchance ou l'inconscience. Honnêtement, j'ai une nette préférence pour les personnages tendance François Perrin car en définitive, ils m'apparaissent beaucoup moins pathétiques. Et je me sens un peu plus libre (en tous cas, moins gêné) de pouvoir rire des situations dans lesquelles ils sont mis en scène ; pour illustrer mon propos, je citerai les titres suivants : "coup de tête", "la chèvre", "les Grands blonds", "le Jaguar" dans lesquels c'est un François Perrin qui officie.
Et justement, "le Jaguar" est tout-à-fait le bon exemple de la comédie bien montée, pas méchante pour deux sous qui met en scène un François Perrin en joueur de poker moitié fauché moitié escroc qui s'embringue dans une aventure dont il ne mesure pas toutes les conséquences, juste pour échapper à ses créanciers méchants et tenaces. C'est le mythe de Charybde et Scylla. Pour échapper à des créanciers juste méchants, il va devoir affronter des ennemis très méchants et très cruels. C'est Patrick Bruel qui interprète le rôle de François Perrin avec un certain brio. Un être veule, prêt à toutes les lâchetés mais qui joue à l'homme.
Face à lui, on trouve un Campana. Mais ce Campana n'est ni un flic ni un détective mais l'interprète d'un chef indien en visite diplomatique à Paris. Par contre, comme toujours dans le profil "Campana", on a bien affaire à un mec costaud, à la forte personnalité, un peu bas du front. Jean Reno m'a paru être la bonne pointure pour le rôle par rapport à un Depardieu, par exemple. Son rôle nécessitait une part d'introversion que n'aurait peut-être pas eue un Depardieu.
D'ailleurs, le choix Reno/Bruel ne me semble pas innocent de la part de Veber. En effet, il y a une petite subtilité scénaristique qui renforce l'intérêt qu'on peut trouver à ce film. Normalement, Campana est un gars cartésien, à qui on ne raconte pas de fables tandis que Perrin est un gars plus intello et plus partisan de "la logique floue". Et ici c'est presque le contraire. Campana croit dur comme fer dans les pouvoirs extraordinaires de l'indien tandis que Perrin se veut totalement affranchi des billevesées traditionnelles fussent-elles amazoniennes. Et ceci ouvre des possibilités supplémentaires de scènes amusantes voire à des scènes d'humour noir.
Au final, j'aime bien cette comédie qui passait régulièrement à la télé (je connais presque par cœur ce film) et j'aimais bien la double lecture possible du film, la lecture comique, bien sûr, mais aussi la lecture qui met en avant le peuple amazonien et ses traditions à travers le singulier et sympathique chamane amazonien. Et au nième visionnage, je me surprends encore à rire de certaines situations ou à attendre telle ou telle scène.
J'hésite pour la note entre 7 et 8. Tout de suite je vais mettre 7 mais lorsque je serai en mesure de constituer une liste "Scénarios de Veber", je rééquilibrerai les notes.
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le 20 juin 2022
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