Herbert Ross a beau avoir tourné une grosse vingtaine de long-métrages (depuis la fin des sixties jusqu'au milieu des années 90), le réalisateur américain reste très méconnu en France, où son titre le plus fameux reste sans doute "Footloose".
Et ce "True colors" ne me donnera pas forcément envie de creuser sa filmographie, tant cette histoire d'amitié et d'arrivisme se révèle très classique voire convenue. Sans être désagréable, il s'agit d'un film gentillet qui se contente d'effleurer ses thématiques pourtant passionnantes, ce qui rend les presque deux heures de visionnage un brin longuettes.
Pourtant c'est un univers qui m'intéressait à titre personnel, celui de la politique américaine (à la fin des années Reagan), ses hommes de pouvoir, leurs grandes familles, et leurs entourages constitués de jeunes loups ambitieux plus ou moins honnêtes et loyaux…
Hélas, "True colors" n'apporte guère de nouveauté dans ce tableau bien connu, même si le récit se laisse suivre sans difficulté, centré sur la relation d'amitié/rivalité de deux jeunes hommes qui se sont connus à la fac, et ont tous les deux aimé la même femme.
On comprend vite que James Spader incarne le fils bien né aux valeurs solides, tandis que John Cusack sera l'enfant du peuple qui a une revanche à prendre sur la vie, quitte à faire quelques écarts avec l'éthique.
Le face à face n'est pas inintéressant, mais le traitement s'avère trop superficiel et attendu. Ainsi, lors du discours final de Cusack, on devine ce qu'aurait pu être son personnage, un type qui triche pour de "bonnes" raisons (servir le peuple) ; or on n'aura vu auparavant qu'un arriviste cherchant à s'élever socialement, ce qui rend l'opposition bien trop manichéenne entre les deux héros.
Un dernier mot sur le casting, qui comprend également la britannique Imogen Stubbs, le grand Richard Widmark dans son ultime rôle, l'esprit criminel Mandy Patinkin, ainsi que l'expert Paul Guilfoyle, qui arbore une coiffure délicieusement improbable, un combo front dégarni et nuque longue...