Critique de la critique de la critique-critique. Personne n'a encore fait la vanne ? Peut être que si, on s'en fout.
Ne nous mentons pas, le film de Raoul Peck est extrêmement maladroit et, pour ainsi dire, raté.
On s'attendait à une rétrospective "fidèle" de la vie de Marx, de son parcours philosophique comme politique afin d'appréhender ses idées sans devoir supporter le spectre du communisme totalitaire qui hante les manuels scolaires et les esprits (pas vraiment) critiques.
Au lieu de ça, on assiste à la progression du jeune Karl Marx qui se trimbale dans l'Europe : Allemagne, France, Belgique puis Angleterre ou alors à l'évolution de sa situation affective (son amitié avec Engels, son amour pour sa femme bref rien de bien palpitant). Sa philosophie est éclipsée, et ses théories politiques survolées. On notera le manque d'illustrations des luttes de classes qui s’opéraient déjà alors (juste une scène introductive c'est dommage), et les caméos DÉBILES de personnages comme Bakounine, qui nous sortent totalement du film.
Également : le film fait l'impasse sur un des visages de Karl Marx : celui du calomniateur qui utilise toutes les méthodes à sa disposition pour décrédibiliser Proudhon : pas seulement la rhétorique : faisons preuve d'esprit critique sur ce personnage qui règne (ou qui a reigné) en maître dans les sphères intellectuelles de gauche.
Décevant donc, mais prévisible : traiter d'un sujet pareil n'était pas tâche aisée et il paraît peu probable que le cinéma puisse apporter un éclaircissement net sur le portrait de Marx de sitôt.