Ce film est tout simplement magnifique. Visuellement tout d'abord, l'animation est fluide et le jeu d'ombres est tant abouti que le dessin côtoie la photo. Musicalement ensuite, un grand bravo à Simon Leclerc dont la sublime bande originale colle parfaitement à l'oeuvre : légère, poétique, simple et noble.
J'ai pu ressentir les même choses que lorsque j'étais enfant face à un Ghibli ou un Disney (et autres Animaux du Bois de Quat'sous) : bien qu'effleurant des sujets relativement sombres, Le Jour des Corneilles reste lumineux (le titre est d'ailleurs révélateur). C'est une sorte de mélange des deux, à bien y réfléchir : Disney pour la forme, Ghibli pour le fond. On n'a pas droit aux chansons de Disney et à l'animation saccadée de Ghibli. Il est pour moi supérieur aux deux réunis, tout du moins par rapport à ce qu'ils font actuellement - par exemple La Reine des Neige n'a pour moi rien d'un grand film d'animation, c'est même plutôt l'inverse (d'ailleurs les films en images de synthèse ne peuvent qu'échouer au niveau de mon ressenti), et Le Vent se Lève m'a parut redondant (pour faire court).
L'histoire, touchante, ne tombe pas dans le manichéen, du moins pas avec excès ; à l'instar de l'image semblant être un mélange entre dessins et photographies par moments, elle parait tout à fait plausible, réaliste, et pourtant tellement onirique...
Jean-Christophe Dessaint nous livre là une véritable perle d'animation (tous pays, époques, auteurs, formats, studios de production et autres confondus), et j'espère qu'il récidivera le plus vite possible face au désespoir que m'inspirent les œuvres animées actuelles (hormis quelques exceptions qui ne sont pas exemptes de nombreux défauts). Un film accessible à tous, qui saura parler et apporter son esprit à tous. Preuve qu'il n'est pas besoin de tomber dans le surfait, la licence poétique, le fan-service, le niais et/ou le faussement complexe pour réaliser une oeuvre de qualité (d'une grande puissance émotive de surcroît) : il suffit d'être inspiré, artistiquement motivé et honnête (je prévois d'ailleurs de lire le roman éponyme qui a donné vie au film, merci Jean-François Beauchemin (edit : j'ai pas aimé le bouquin mais c'est pas grave !)).
Pour finir, les doubleurs font un excellent travail : Jean Reno (Mufasa et Porco Rosso) est entre autres de la partie. Un seul problème (et un seul point en moins) : Le Jour des Corneilles n'est pas assez long ; j'aurais tant voulu rester dans cet univers ne serait-ce qu'une demi-heure de plus !
Un chef-d'oeuvre (sans vulgarisation du terme) à contempler sans hésiter.