Locust...Ce n'est pas un crustacé...? Ah non mon cher traducteur google (et aussi imparable sens de l'observation de jaquette de film) m'informe que ce terme saxon barbare (pléonasme) n'est autre que l'appellation pour désigner le mot fléau. Etonnant pour un film censé dépeindre le quotidien hollywoodien des années 30 à qui on rattache déjà moult paillettes, frasques...et scandales. Et c'est ce cher "marathon" Schlesinger qui s'attelle à la tâche d'en faire une définition âpre et satirique. Mais Johnny en ayant plus d'un tour de manivelle à sa caméra ne s'en contente pas uniquement, en délivrant dans les derniers instants du film l'une des scènes de terreur parmi les plus marquantes qui m'ait été permis de visionner (et faisant aussi passer par la même occasion les attaques de zombies romeriennes pour de simples scènes de frisson destinées aux sexagénaires) ...
Mais commençons par décrire la partie principale de l'intrigue : pendant deux longues heures le sieur Schlesinger suit le parcours de deux principaux protagonistes : d'un côté un jeune directeur artistique récemment engagé par les studios pour gagner la reconnaissance dans le monde du
show-biz. De l'autre une autre quête de reconnaissance mais bien vaine d'une jeune actrice, caricature de la blonde pulpeuse et source de fantasme monrienne qui poursuit également ce but. A partir de là John décrit pas à pas l'évolution de la relation de ces protagonistes d'abord pleine de joies et d'effervescences mais qui tournera vite court face aux aspirations de grandeur de la jeune figurante bien dénuée de talent . Contrairement à son jeune amant qu'elle fuira pourtant quand ce dernier commencera à obtenir l'attention du grand manitou de la Paramount.
De là apparaît une description acerbe de la glorieuse Hollywood, colline des mirages. Les imposants décors sont certes source de grandeur mais également de danger et menace de chute quiconque ne prend garde à se défier de l'apparat. Cela va non seulement pour nos deux jeune jouvenceaux mais également pour toute la foire de protagonistes qui les entoure, notamment le père de celle-ci, artiste aigri trahi par son épouse danseuse et raillé par ses confrères ne continuant à simuler la joie que pour correspondre au folklore local. Mais c'est avant tout le troisième protagoniste, un pauvre comptable docile et "rat d'église" pleurnichard incarné par Sutherland qui perpétue cette idée; acceptant tous les caprices de son épouse par affection pour elle, il se laissera malmener cruellement par celle-ci et deviendra tout comme le jeune peintre peu à peu éloigné des aspirations véritables de cette dernière. Et inspirera une certaine dose de pitié dans une première conclusion bien amère.
Mais ce qui marque surtout dans cette oeuvre c'est bien sa dénonciation des plus cruelles de l'imaginaire hollywoodien, créé et alimenté par l'opportunisme et la méchanceté gratuite de ses habitants et recourant ses collines de couleurs flamboyantes et aveuglantes pour ne pas révéler l'envers du décor (prostitution, accidents techniques mortels, shows mystiques dominés par le mercantilisme...). Dès lors lorsque le troupeau...la foule est perturbée dans l' acclamation de ses idoles par le retour d'une réalité brutale, cela fait des étincelles mais celles-ci des plus ardentes. L'acte criminel provoqué par l'accumulation de frustrations d'un seul être, victime de cet environnement des plus trompeuses devient dès lors sujet à une autre sorte de ferveur, brutale et destructrice d'une foule désordonnée. Ainsi les décors s'effondrent et les lumières radieuses deviennent flammes tandis que le rêve s'effondre et ceci aussi bien pour les jeunes aspirants artistes que pour les fans en quête d'évasion...