Après sa Holly Golightly de Breakfast on Tiffany’s, Blake Edwards nous revient de nouveau avec des personnages psychologiquement troublés. Joe Clay, un agent de relations publiques, a une faible opinion de lui-même qu’il a tendance à noyer dans l’alcool. Sa femme, qui n’avait jamais pris un verre avant leur rencontre, réalise que la seule manière de communiquer avec lui est de se mettre elle aussi en état d’ivresse. C’est le début d’une dérive que Joe va tenter de toutes ses forces de renverser. La conclusion ne nous dit pas s’il va réussir puisqu’à après avoir vainement essayer de convaincre Kersten de se sortir de l’alcoolisme, il la regarde marcher dans la rue alors que l’enseigne lumineuse du Bar d’en face se reflète dans la fenêtre. Va-t-il replonger pour la rejoindre dans leur univers commun? Un bon scénario dramatique, bien construit avec des sauts dans le temps très bien amenés. La complexité des personnages exige de Blake Edwards du doigté en termes de direction d’acteurs. Il réussit à relever le défi à moitié en ne parvenant pas à contrôler Jack Lemmon. Cet acteur est un habile cabotin qui ne peut s’empêcher d’en mettre trop par moment ce qui a pour effet de faire dévier le ton du film. Paradoxalement, sa folie l’amène là où peu de comédiens peuvent aller. Son talent fut d’ailleurs souligné aux Oscars tout comme celui de Lee Remick qui ne se laisse pas totalement envahir par la surcharge de son partenaire. Un peu plus de sobriété dans le jeu aurait permis à la production d’atteindre un niveau supérieur. Maudite boisson!