Putain quel film !
J'ai été très surpris. Je ne sais pas par où commencer. Peut-être par ce premier baiser que Joe (Lemmon) et Kirsten (Remick) échangent juste après un fou rire. Ce premier baiser est le plus beau baiser hollywoodien que j'ai pu voir ; empreint de simplicité et de naturel, et de sensualité inévitablement. Le Jour du vin et des roses est la plus forte histoire d'amour hollywoodienne - j'entends par là : belle et déchirante - que j'ai vue depuis Lettre d'une inconnue d'Ophuls et La Fièvre dans le sang de Kazan.
Le film commence par des couleurs de comédie. Jack Lemmon excelle dans ce domaine, par sa présence naturellement fine et drôle. Puis vient l'histoire d'amour, simple et belle, jouissive. Puis vient l'alcool, élément déjà présent dès le début du film ; élément discret, qui n'attendait que le bon moment pour intervenir et prendre la place principale de cette histoire. Alors là on se demande si on n'aurait pas changé de film entre temps. Mais non, il y a toujours cette histoire d'amour, cet humour, mais il y a aussi les ravages de l'alcoolisme, l'égoïsme, la lâcheté, l'altruisme...
Jack Lemmon joue très bien le pauvre type qui aimerait faire autre chose de sa carrière en relations publiques que de faire le mac. Lee Remick est mignonne et sexy. Innocente au début puis la plus seule des alcooliques à la fin. Mais surtout, le film a eu la bonne idée de les faire se rencontrer. Car on ne pouvait pas espérer un meilleur couple pour cette aventure alcoolique. Les deux ont des carrières inintéressantes, ont peu confiance en eux, mais quand ils se rencontrent, ils rient. Un couple magnifique.
Le film est assez osé quand même. Au sujet de l'alcoolisme, il n'est ni moralisateur, ne met pas non plus en garde - les bons comme les mauvais moments sont montrés -, ni pessimiste. Il est juste, ce qui en fait un film anti-hollywoodien par définition. Jack Lemmon, à la fin du tournage, partait rapidement en Europe pour son prochain tournage, afin de ne pas avoir à rejouer la fin, qui évidemment n'a pas plu à la Warner.
Personnellement je suis tombé amoureux de Kirsten. Kirsten la bonne à rien, Kirsten qui sombre dans l'alcoolisme, entraînant Joe avec elle - alors que lui n'avait jamais vu de problème à être alcoolique, il ne le savait même pas -, Kirsten qui cherche la compagnie masculine, pour la suivre dans l'alcool, Kirsten dont on voit la frontière sud du sein lors d'une scène.
L'alcoolisme est abordé frontalement dans ce film, du début à la fin, contrairement au Poison de Wilder, dont la fin était absurde. Si frontalement que moi-même, qui attends toujours des film hollywoodiens qu'ils soient le moins possible hollywoodiens, j'espérais que ça finirait mieux pour Joe et Kirsten. Mais j'étais aussi rassuré de voir que la fin du film était honnête par rapport à tout ce qui avait été construit jusque là.
Mais c'est aussi une histoire d'amour. La fin est incroyable par la justesse, la violence, la dureté de ses dialogues.
Esthétiquement, le film est souvent inventif ; certains plans sont violent, à l'image de la psychologie des personnages et la dureté des situations.

Un excellent film.

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le 18 janv. 2015

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Gregor  Samsa

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