Assiégé dans sa chambre d'hôtel, tout en haut d'un immeuble, tel que réfugié dans une forteresse, un assassin se remémore les circonstances de son acte et attend le châtiment du petit matin.
Jean Gabin est le héros maudit de cette tragédie en trois actes (qui coincident avec trois retour en arrière, enserrés entre un prologue et un épilogue), une histoire d'amour vouée à l'échec parce que la haine aura eu raison de l'amour.
Ce drame de Carné, au demeurant très simple, se distingue par la qualité des textes de Prévert. Sur fond de réalisme social, il exalte les vertus et les beautés d'une passion naissante par des dialogues très inspirés. Poétiques ou parfois drôles, ils permettent à Gabin, Jules Berry et Arletty une composition mémorable et suscitent entre les trois personnages et comédiens de fameux échanges. Cette histoire d'amour à quatre, parce que Gabin attire l'amour de Jacqueline Laurent, la tendre affection d' Arletty et la jalousie haineuse de Jules Berry, est une des plus réussies démonstrations de la supériorité du cinéma français d'avant-guerre.