Dans le XIXe siècle, en Normandie, Célestine est une jeune femme de chambre qui vient travailler pour une riche famille. Ambitieuse et sûre de son charme, elle se met en tête de séduire le chef du clan, alors qu'elle est rudoyée par son épouse.
Dans la carrière de Jean Renoir, on parle assez peu de sa parenthèse américaine, qui se résume à six films, mais ce Journal-là est une très bonne surprise, car le parti-pris de la mise en scène est de le tourner quasiment comme une pièce de théatre, avec un tournage entièrement en studio. Mais le film est aussi un chant d'amour de l'acteur Burgess Meredith (qu'on connait pour avoir joué Mickey dans la saga Rocky !) pour son épouse Paulette Goddard ; il a non seulement écrit le scénario, a apporté l'essentiel des fonds, mais joue aussi le rôle secondaire, le capitaine Mauger, un vieil homme excentrique qui mange des fleurs.
Le film tourne essentiellement autour de Célestine, qu'on voit clairement comme quelqu'un qui veut réussir, pour qui l'amour n'est que secondaire pourvu qu'on réussisse sa vie, et Goddard est montrée comme une femme forte, sûre de ses moyens, et qui va faire tourner bien des têtes.
J'ai un bon souvenir de la version proposée par Luis Bunuel dans les années 1960 avec Jeanne Moreau mais Jean Renoir propose une transposition différente, faite aussi avec les contraintes des décors et du manque de moyens, mais qui a quelque chose d'ardent avec un personnage montré comme fort, une féministe avant l'heure ?