Le Journal d'une fille perdue par Alligator
Je ne connaissais pas Pabst. De Louise Brooks je ne connaissais qu'une icone en fait, ces photographies du temps jadis, cette coupe garçonne et c'est tout.
Autant dire que le ton résolument comique, la mise en scène très rythmée, les gueules cassées que constitue le casting ont jalonné mon visionnage d'autant de surprises ; il est entendu qu'elles ont été fort agréables.
Mais ce film n'est pas seulement une oeuvre au ton décalé, drôle, il est une incisive coincée dans le cou d'un ordre établi, rigide, dans une moralité excessivement hypocrite et aveugle. Sa portée va bien au delà de l'aspect comique. Les traits sont exagérés bien entendu, la caricature fait figure de manifeste libertaire. Un film révolte adolescente. Une fureur de vivre bien avant l'heure. Une fureur à la coupe garçonne et aux yeux sombres et beaux. Louise Brooks envoûte. Elle capte la lumière et emporte tout le film et les spectateurs. Elle dégage un charme fou, d'une délicatesse que le grain laiteux de sa peau surdimensionne. Pauvre Thymiane, viens dans mes bras reposer.