Toute grâce et toutes nuances dans l'éclat doux de ses seize ans elle a la candeur des enfances et les manèges innocents...



Car Thymiane, comme le pur amour de Verlaine a seize ans, visage d'ange, casque de cheveux noirs et regard intense, apparition blanche et virginale, cou de cygne et grâce de danseuse pour fêter sa confirmation.


Mais son regard se fait noir tandis qu'elle assiste, interdite et impuissante au départ de la gouvernante sous l'oeil penaud de son père et les regards complices et méprisants de la famille.


Une innocente pure et confiante perdue dans un monde de brutes : dès les premiers plans en effet, le cinéaste nous livre le portrait d'une bourgeoisie hypocrite, haïssable et rigide, la caméra s'attardant avec complaisance sur les visages goguenards, les sourires forcés et les regards en coin de ceux qui partagent les secrets peu avouables de leur caste.


Une jeune beauté virginale que convoite et possède, mû par un désir d'autant plus bestial, l'employé de son père, être lubrique et sans scrupules, et pour Thymiane le début d'une longue descente dans l'enfer des hommes pervers, intéressés et veules, pour cette toute jeune fille séduite et abandonnée.


Le passage dans la maison de correction où les filles perdues marchent littéralement à la baguette sous le regard féroce de la directrice et de son âme damnée, cerbère chauve à l'oeil torve et au rictus hideux, est une véritable scène d'anthologie, et on n'oubliera pas de sitôt la jubilation quasi sadique qui s'empare de nous à la vue de ces tortionnaires grimaçants pris en otages et furieusement malmenés par leurs victimes en folie !


Toutefois, quelques moments de grâce parcourent le récit, et, c'est paradoxalement, dans cette maison close où la jeune femme va trouver refuge : bienveillance d'une mère maquerelle presque tendre et affectueuse, amitié chaleureuse et exubérante des filles, ambiance festive et conviviale où le champagne coule à flots, sensualité et beauté de la danse et des femmes, abandon et ivresse du rêve avant de retrouver la dure réalité.


Louise Brooks, son ovale pur, ses grands yeux sombres, ses jambes fines et galbées, ses seins menus, brûle la pellicule, innocente et sensuelle, gracieuse et légère, suprêmement féminine, intensément femme, dans ce somptueux mélodrame qui m'a fascinée.

Créée

le 2 juin 2012

Modifiée

le 26 sept. 2012

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Aurea

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