Franco féministe ?
Ce n’est certainement pas, comme on le dit pourtant parfois, l’un des meilleurs films de son auteur. Ce n’est pas non plus son plus mauvais et il comporte plusieurs éléments intéressants, y compris...
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le 28 sept. 2020
Ce n’est certainement pas, comme on le dit pourtant parfois, l’un des meilleurs films de son auteur. Ce n’est pas non plus son plus mauvais et il comporte plusieurs éléments intéressants, y compris au niveau cinématographique, notamment un incroyable raccord que je laisse aux amateurs le soin de découvrir. Signe des temps, les films de Franco font maintenant l’objet de commentaires savants dans le journal Le monde ou dans Les Cahiers du Cinéma. Voici donc ce que l’on peut lire, à propos de ce film dans le numéro 747 de septembre 2018 des Cahiers du Cinéma : « Le viol est ancré dans une réalité sociale et urbaine immédiate, le prédateur bourgeois rôdant le long de plages et dans les fêtes foraines où vient se divertir une population pauvre. Franco attrape au grand-angle, derrière le visage de l’héroïne, la route bétonnée longeant la mer où l’homme attend sa proie. Lors de l’agression sur une grande roue, défilent en arrière-plan les immeubles vétustes de cette Espagne franquiste qu’il exècre. Montserrat Prous, malgré le titre, n’est pas une nymphomane mais une innocente sadienne, telle Justine ou Eugénie, victime d’une masculinité violente, vulgaire et hypocrite. Sur la scène écarlate du cabaret, lorsqu’elle reconnaît son violeur dans le public, elle braque en réalité son regard sur le spectateur, voyeur venu se délecter d’un spectacle salace et se retrouvant en définitive devant une tragédie. Le film aurait pu s’appeler « Journal du mal que les hommes font aux femmes » et reste l’un des plus déchirants de son auteur. Aux accusations de misogynie dont le cinéaste faisait l’objet, Tatiana Pavlovic dans Despotic Bodies and Transgressive Bodies, répliquait que les héroïnes de Franco, démones, vampires ou dominatrices, s’opposaient à l’image réactionnaire de la femme franquiste, une mère de famille confinée dans sa cuisine. La parole posthume de Linda va permettre à l’enquêtrice de se libérer elle aussi d’un lien conjugal sordide. » (Stéphane du Mesnildot). L’éditeur Le chat qui fume permet de découvrir, ou de revoir ce film, accompagné de plusieurs bonus très intéressants, notamment l’interview de Gérard Kikoïne, qui a de plus l’avantage d’être particulièrement drôle.
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le 28 sept. 2020
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