J'ai vaguement été tenté d'ajouter un point supplémentaire à ma note, moi qui apprécie ces ambiances "polar français des années 70-80". Car je ne me suis pas ennuyé durant le visionnage du "Juge", film honorable qui bénéficie d'une réalisation correcte et surtout d'un casting solide.
Mais "Le juge" reste un film trop moyen, sérieux mais sans éclat, dont je ne conserverai sans doute que peu de souvenirs...
En effet, dans ce biopic officieux du fameux juge Michel, principal adversaire de la french connection avant d'être assassiné, le réalisateur Philippe Lefebvre semble coincé entre sa volonté de reconstituer les faits (ce qui exclut certaines envolées spectaculaires propres au polar), et son souci de simplification auprès du public d'une affaire très complexe (ce qui l'éloigne du film-dossier à l'italienne).
J'aurais aimé par exemple que l'on s'intéresse davantage à l'attitude de la hiérarchie judiciaire, ici résumée à un haut-fonctionnaire soucieux de ne pas faire de vagues.
A l'arrivée, le premier long-métrage de Philippe Lefebvre manque de scènes marquantes, d'un véritable souffle et d'un réel suspense.
A l'époque de sa sortie, le film avait le mérite de coller à l'actualité (le tournage ayant débuté moins de deux ans après les faits), mais aujourd'hui on suit cette affaire avec un intérêt relatif, sans grande passion.
Le point fort du "Juge" réside dans sa très belle distribution : dans le rôle-titre, Jacques Perrin joue de sa ressemblance physique avec Pierre Michel, imposant son charisme sobre.
Face à lui, Daniel Duval fait preuve d'une belle présence dans le costume d'un truand sans scrupule, avatar de Gaétan Zampa. Richard Bohringer complète le trio dans la peau d'un flic aux méthodes borderline, entièrement dévoué à "son" juge.
On croise en outre une jolie brochette de seconds rôles, à commencer par Jean Benguigui en avocat cauteleux, mais aussi Michael Lonsdale, Andréa Ferréol ou encore Brigitte Catillon.
Ce casting prestigieux ne suffit pas à booster l'intérêt du spectateur (d'ailleurs le film connaîtra un bide en salles), toutefois on ne passe pas un mauvais moment devant "Le juge", polar solide mais sans génie, relevé par le score mélancolique de Luis Bacalov, sous influence Ennio Morricone.