Partant d'un fait divers criminel assez sordide, dont il a respecté la trame générale, en l'assaisonnant à sa façon de demi-vérités historiques, Tavernier réussit la prouesse dans cet impressionnant "Le Juge et l'Assassin" de brosser le tableau édifiant d'une société étriquée, réactionnaire, complice de toutes les répressions passées et à venir, qui dévore ses propres enfants. Bien sûr, la conclusion "gauchiste" assez discutable, voire terriblement naïve et maladroite, empêche d'adhérer complètement à la générosité d'un cinéaste que l'on sait prompt aux coups de cœur, mais l'interprétation inoubliable d'un Michel Galabru très inspiré en crapule illuminée tire le film vers le haut. [Critique écrite en 1981]