Ce court-métrage convoque une fois de plus ce que Méliès maîtrise par excellence à savoir l'art de la fulgurance . Et effectivement , lors de l'errance du protagoniste juif , des images fantasmées faisant référence aux épisodes bibliques _ séquence par ailleurs absolument remarquable car ces images apparaissent comme violentes , suscitent les tourments du personnage du film d'où le final où plus encore que lui qui est terrifié , la nature et la foudre aussi elles-mêmes se déchaînent . Ceci dit , c'est peut-être aussi de cette qualité visuelle ( plastiquement , la scène est très intéressante ) que paradoxalement vient une des limites du film à savoir ce côté un peu moralisateur vis-à-vis des Juifs par rapport à l'histoire biblique , aspect renforcé par la présence allégorique extrêmement lourde de l'ange de la Justice ...on retrouve aussi un bref passage granguignolesque qui est aussi une des marques du cinéma de Méliès . C'est donc la question du fond et de la forme qui fait de ce film un objet qui divise : la beauté formelle au service d'un discours vraiment dépassé et agaçant ... mais au moins , quoiqu'il fasse , Méliès croit à son propos , arrive à créer un univers qui lui est propre , et rien que pour cette démarche cinématographique et pour la richesse esthétique du monde qu'il met en scène , on peut l'en remercier ...