Après le drame crépusculaire qu’était le premier opus qui donna naissance au genre « vigilante », et après le « revenge movie » plus classique et sadique qu’était le second, cette troisième mouture n’a plus du tout rien à voir avec ses prédécesseurs. On est ici dans une série B totalement décomplexée, à la limite du nanar, sur les traces de la Cannon et de ses films d’action portés par Chuck Norris et consorts. Deux façons, dès lors, d’aborder ce film : soit crier au scandale et à la trahison, soit réussir à faire abstraction de l’histoire de la saga et se laisser porter par l’action. Ce n'est pas si simple car on ne cesse de rappeler le passé de notre ami Paul Kersey qui, ici, se retrouve dans une situation toute nouvelle. Ce n’est plus un simple ange vengeur, c’est carrément un ange exterminateur qu’on encourage à nettoyer un quartier gangrené par la racaille. Et qui lui demande ? Le commissaire de police en personne qui ne parvient pas à régler le problème lui-même.
Évidemment, tout ceci est totalement grotesque. Mais pas autant que le contenu lui-même où papi Bronson et son artillerie militaire, dont un Wildey calibre 475, font le ménage dans la rue et, à leur tour, terrorisent une centaine de types. C’est complètement débile mais, en prenant le recul nécessaire, il faut le reconnaître, c’est plutôt jouissif. Voir des gueules de c*n se faire rectifier par un Charles Bronson toujours aussi athlétique en dépit des années, c’est quand même quelque chose. On dépasse ici le cadre du « vigilante » ou de « revenge movie », on frôle ici le jeu vidéo ou le film de guerre urbain à grands coups de mitraillette sans que ça nous décoiffe notre héros. Il faut cependant avoir l’esprit large pour assister à la guérilla finale qui lorgne vers le grand n’importe quoi.
Mais le film ne mérite pas d’être aussi maltraité. C’est un film de son temps, avec ses excès improbables et ses escalades de violence qui frisent le cartoonesque. L’histoire ne vaut bien sûr pas un clou, les personnages n’ont aucune mesure et aucune consistance, mais c’est fun. Les gentils châtient les méchants avec délectation et beaucoup d’imagination. Ça ne vole pas haut mais ça ne se prend pas vraiment pas au sérieux. On aurait, malgré tout, aimé que Bronson porte un autre nom que celui de Paul Kersey. Cela n’aurait ainsi pas jeté l’opprobre sur l’ensemble d’une saga qui avait quelque chose à raconter et ne se contentait pas, comme ici, d’être un simple « action movie » en totale roue libre.