La mollesse justicière: l'ultime sieste
Suite et fin des flamboyamment répétitives aventures du VIEUX Charles Bronson, après 2 épisodes corrects, même si déjà assez caricaturaux, un troisième stupide et nanardement exagéré, et un quatrième chiant et nawak. Cette fois, le destin le confronte au criminel ex-mari de sa énième copine, qui veut récupérer la garde de sa fille et voilà. Et il est très méchant car il blanchit de l’argent.
Ainsi donc, la situation. Paul Kersey, playboy notoire (comment sinon expliquer toutes ses copines plus jeunes que lui et d’ailleurs plutôt aisées), architecte brillant (même si il a enfin pris la retraite), obsédé par des femmes seules avec une fille, et, quand la chance tourne contre lui (quasiment tout le temps en fait), justicier à revolver, nettoyant la lie des grandes villes, impossible à attrapper, car il est l’incarnation des droits à l’autodéfense équitable, se trouve donc avoir séduit, malgré son âge avancé, le faisant ressembler à un ballon dégonflé, et son cheveu sur la langue, une riche propriétaire d’un salon de mode, nommée Olivia (d’ailleurs il y a comme un changement de canons de beauté entre sa première compagne et celle-là, qu’il a autant de chances de se taper que Danny Trejo Jessica Alba). Sa jeune fille, Chelsea, est convoitée (ne comprenez pas mal) par l’ex-mari, Tony O’Shea, parce qu’il l’aime et veut lui faire des câlins (rooh). Et Tony fait donc du mal à Olivia en essayant de lui parler (à propos de... rien), en, attention, la prenant au poignet. Lequel geste laisse des bleus (décidément, sa peau est vraiment douce), et, aperçu par Kersey, le met en colère. Il confronte donc le malotru, blessant sa fierté, qui décide ensuite de se venger et de récupérer enfin la fleur de Chelsea (je voulais dire cette fleur qu’est Chelsea, mes doigts ont dû glisser). À une soirée romantique au restaurant, exhalant le doux remeugle des seventies, Paul, en vrai homme conditionné par sa classe sociale, demande Olivia en mariage. Mais celle-ci, voyant que Tony est là aussi, se renverse dessus, d’émotion, son bocal de vin. Allant nettoyer sa robe, un homme travesti très gentil lui enfonce la tête dans le miroir, ce qui provoque quelques légères coupures et mutilations. Je dis légères, parce qu’à écouter ce que racontent les médecins, elle ne sera plus jamais belle, même avec reconstruction, or on voit, sûrement par paresse des maquilleurs, qu’elle n’a que quelques marques rouges visiblement superficielles, ne gâchant rien de la beauté de l’actrice; moi qui avais attendu genre Darkman. Bref, après quelques histoires secondaires inutiles, O’Shea tue Olivia et obtient la garde de la bonne (au sens moral évidemment) Chelsea.
On est à 40 minutes du film. Je comprends que cette présentation serve à montrer l’inefficacité de la police et justifier la reprise d’armes par Kersey, alors qu’il avait définitivement décidé de mener, sur le déclin, une vie de famille toujours rêvée, cependant c’est la moitié du film, un film qui se ressert d’éléments déjà employés dans les précédents. Rien n’est frais (sauf Chelsea) et original dans ce bricolage las.
Heureusement plusieurs choses ont entretenu mon attention, comme la drôlerie de voir qu’un noir meurt en premier, ensuite un obèse et ensuite une chinoise, ou encore l’agilité des déplacements de Paul Kersey, devant pourtant avoir soixante-dix ans, sinon plus.
Mais la deuxième partie est beaucoup plus rythmée et réjouissante, car Kersey entame sa vengeance. Les façons de tuer sont plutôt marrantes, et variées. Et connes. Éclair empoisonné, ballon de football télécommandé et explosif (un grand moment), un homme emballé dans du plastique puis tué par erreur, un petit passage par un broyeur et une baignade dans de l’acide sulfurique (je suppose) relèvent le niveau de la purge, quoique médiocrement.
Le reste reste terriblement plat. Un flic corrompu, une voiture diversion (exactement comme dans le 4), un méchant qui possède de force (dans son antre de méchant, pas autrement) la jolie Chelsea, des plans nichons gratuits (dont certains dès la deuxième minute), un Charles Bronson qui ne se met jamais à couvert, des personnages grossièrement écrits.
C’est même triste à un moment. Jamais, au contraire du premier (et seul quelque peu intelligent), ce film policier ne penche assez du côté du drame, où il aurait bien mieux réussi. Humaniser le personnage d’O’Shea (trop cool, deux apostrophes tout près) et ses acolytes, développer la relation que j’ai perçue ambiguë entre la copine (la pute dirais-je) de Tony et Chelsea forcée à accompagner son ignoble père, montrer la lassitude de Paul Kersey (ce qui est fait convenablement, mais dans un autre registre, par Bronson, fatigué et encore plus inexpressif que dans les autres à mon avis) envers cette incessante adversité et la série, aurait pu produire un film beaucoup plus profond, touchant et donc réussi, sur la même base du vigilantisme. Mais les tâcherons en ont décidé autrement.
Le thème musical est plutôt cool par contre. Une unité musicale manquait peut-être à cette série.
Voilà. De ce film, dernier dans une série terne et répétitive, je ne retiens que l’actrice qui joue Chelsea (dans la mémoire, pas dans une cave hein), et le cheveu sur la langue de Bronson.