Six de tournage par intermittence pour accoucher d’un documentaire intimiste & familial, celui d’un kiosque à journaux situé Place Victor-Hugo dans le très chic XVIème arrondissement de Paris. Il ne s’agit pas d’un kiosque comme les autres, c’est aussi et surtout, une affaire familiale qui aura vu passer 4 générations. La réalisatrice était venue aider sa mère en travaillant avec elle dans le kiosque, sauf que très rapidement ce job temporaire est devenu un job alimentaire qui aura duré 6 ans, jusqu’à ce que sa mère décide de partir à la retraite.
Le Kiosque (2021) est donc une immersion dans le monde très exigu d’un kiosquier. La réalisatrice a filmé pendant toutes ces années, son quotidien et ses rencontres, des badauds d’un jour venus acheter leur journal en passant par les habitués du quartier, devenus avec le temps des amis. Alexandra Pianelli nous explique comment, avec le temps, elle est parvenue à deviner grâce à la tenue vestimentaire de ses clients, ce qu’ils s’apprêtent à acheter, du journal économique en passant par la revue sur la chasse ou pour les passionnés de ferroviaire jusqu’aux extrémistes et leurs revues de l’ultra-droite. "L'habit ne fait pas le moine" ? Elle vous prouve le contraire !
Réalisé avec peu de moyen et par manque de place (constamment prostrée derrière son comptoir de caisse qui faisait moins de 2m² !), la réalisatrice a dû user de subterfuges pour parvenir à filmer son quotidien sans que cela ne devienne invivable. Tourné avec l’aide d’un téléphone portable et d’une GoPro, elle alterne les prises de vues (parfois en caméra subjective) et nous offre aussi quelques saynètes divertissantes (ayant fait des études dans une école d’art, elle agrémente son film avec des scènes réalisée avec des bouts de carton et quelques figurines, comme la reconstitution du kiosque familial ou encore la schématisation du mouvement social aux sein de Presstalis et qui avait durement impacté les kiosquiers).
Le film nous offre des moments d’échanges rigolos et parfois de très belles rencontres comme cette femme n’ayant qu’une CB et pas de monnaie pour s’acheter un ticket de métro et qui se retrouve face à Damien (un attachant SDF accompagné de son chat, qui venait régulièrement rendre visite à Alexandra). Ce dernier ira jusqu’à insister auprès d’elle pour qu’elle reparte avec une pièce de 2€, une monnaie extirpée de son maigre butin de mendicité.
Une immersion savoureuse dans un univers où se côtoie près de 3000 revues différentes et le multiculturalisme de la société d’aujourd’hui. Un effet de loupe sur un métier qui est en train de mourir à petit feu, face à la menace grandissante du numérique.
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