Le Labyrinthe de Pan par MaximeMichaut
Là où son formidable Espinazo Del Diablo empruntait le cinéma de fantômes, Guillermo Del Toro talonne avec El Laberinto Del Fauno les sentiers du conte de fée pour l'ultime exorcisme des démons de l'Espagne. Prodigieuse croisée des chemins entre l'histoire et l'Histoire, où la mélopée subjective d'une enfant côtoie la sordide violence du franquisme, le film dégage une magie surpuissante et ambigüe, macabre et mélancolique, cure d'un réalisme cru où les affres de la guerre offrent une brutalité viscérale, torture immodérée des corps en contraste des mille merveilles de l'esprit. Dans ce duel de tons, Del Toro maintient à la perfection l'équilibre entre le palpable et la chimère dans une direction artistique personnelle et magistrale, évasion interprétative qui s'écoule progressivement dans les courants de la parentalité, autre lutte pour la préservation de l'innocence et des héritages au-delà du temps et des dimensions. Dans un déluge d'émotions cruelles, El Laberinto Del Fauno se révèle comme un fort manifeste de l'imaginaire, valve de la puissance et de la mémoire, le rempart pur et salvateur contre un monde repoussant, l'arme finale entre éclat et ténèbres qui nous touche en plein cœur.