Béni soit Del Toro ! Coproduit par cet autre mexicain de Cuarón, "El Laberinto del Fauno" constitue un spectacle de tous les instants. Une histoire à la fois pessimiste et pleine d'espoir selon ce que vous voudrez bien y trouver, le tout servi par de solides acteurs et une photographie d'exception.
La véritable prouesse n'est pas à chercher du côté de cette reconstitution d'une Espagne fragile et de son opposition entre franquistes et républicains. Si les scènes "réelles" sont bien faites et globalement crédibles, on sent qu'elles sont souvent là afin d'équilibrer le réel et l'imaginaire. Ancrer l'histoire, et ainsi donner plus d'impact aux délires de Del Toro. Pan ! La force du film, c'est l'alchimie parfaite créée par son géniteur. Un mélange savamment dosé entre la féerie d'un conte pour enfants, berceuse incluse, et la dure réalité de la guerre. A grands renforts d'effets globalement maîtrisés et d'idées en pagaille, il nous propose un conte mature, une rêverie réaliste jusqu'au final, aussi magistral qu'il est ambigu.
Au milieu de ces échos de la guerre civile, le Capitaine Vidal, si vil. Sergi Lopez est impressionnant, totalement imprégné de son personnage. Tellement détestable qu'il finirait presque par devenir attachant. Sa naïveté n'a d'égale que sa détermination. La réflexion ? Le franquiste vainc sans ! Coûte que coûte, les "salauds" doivent mourir. Hacer lo que sea necesario. Finalement, les véritables salauds dorment en paix, eux. Ivana Baquero réussit à émouvoir et à ne pas agacer, tout en demeurant juste du début à la fin. De la part d'une enfant, nous avons là un véritable tour de force ! Maribel Verdu, Alex Angulo, Ariadna Gil ou encore Doug Jones (Pan) complètent une distribution sans failles.
A la fin du film, quand bien même certains se seront perdus en cours de route, une seule certitude: celle de ne pouvoir reprocher à Guillermo de ne pas y être allé franco.