Je trouve finalement ce film assez similaire à « Heavenly Creatures », qui a fait récemment l'objet d'une critique de ma part : les deux œuvres portent sur l'enfance, la possibilité d'un monde imaginaire et féerique et s'ancrent dans une période historique particulière (respectivement 1944 et 1954). Ce sont pour moi une formidable bouffée d'espoir car ils sont la preuve que l'on peut faire des films originaux, poétiques et au ton adulte en prenant pour base A) des protagonistes adolescents et B) un univers magique. Deux éléments souvent confinés aux seuls films pour jeunes adolescents (tels que « Le Monde de Narnia » ou « Le Secret de Terabithia »).
« El Labirento del Fauno » se démarque lui par la jeunesse de son actrice, 14 ans pendant le tournage mais aussi (apparemment) dans le film, même si ce n'est je crois pas précisé. Et je trouve ça ouf. Même si je m'en moque souvent, je comprends cette tendance de prendre un jeune adulte pour jouer un adolescent, tant que ce n'est pas abusif. C'est éminemment plus facile pour le réalisateur de travailler avec un adulte : il n'a pas à prendre en compte sa scolarité, il peut lui faire cumuler les heures de tournage et je suppose qu'il existe pas mal de lois régissant le travail d'acteur des enfants. Sans compter que les enfants-acteurs convaincants, ils sont franchement rares et on doit se contenter majoritairement d'ignobles têtes à claque. Guillermo del Toro voulait pourtant un môme, et normalement plus jeune qu'Ivana Baquero, qui jouera finalement le rôle. Le casting de cette dernière l'a décidé à réécrire son scénario pour s'adapter à son âge. Je peux le comprendre, elle se montre juste et n'agace jamais.
Le film souffre parfois de problèmes de rythme : l'aventure d'Ofelia dans le monde fantastique est découpée en « niveaux » successifs, de sorte que la tension stagne souvent.
Aussi, j'aurai aimé que del Toro laisse plus de place au doute quant à l'éventualité du monde fantastique comme fruit de l'imagination de la gamine. Plusieurs éléments (la craie pour sortir d'une pièce surveillée, les conséquences de la mandragore et la course finale dans le labyrinthe) ne laissent pas de place à l'interprétation et c'est un peu dommage, cela aurait ajouté une dimension supplémentaire au film.