Le Labyrinthe de Pan cloue littéralement sur place. La première raison, c'est la surprise dont on gratifie le spectateur qui se retrouve à regarder un film de guerre alors qu'il pensait aller voir un film fantastique. La deuxième est bien évidemment la maîtrise technique du film, que ce soit la justesse de l'interprétation de Sergi Lopez, l'ambiance froide limite morbide et les effets spéciaux, le Faune est impressionnant. Difficile de décrire plus cette gigantesque claque que nous livre Guillermo Del Toro, un réalisateur Mexicain qui représente la nouvelle vague du cinéma hispanique avec Alfonso Cùaron. Le Labyrinthe de Pan s'affirme comme le film le plus personnel du bonhomme, et c'est plus que mérité qu'il ait été présenté au festival de Cannes de 2006 dans la sélection officielle, bien qu'il n'ait pas été récompensé. Guillermo Del Toro a déclaré que ce projet datait d'il y a plus de vingt ans et qu'il aurait désiré en faire son premier film s'il avait eu le budget nécessaire, même si à l'époque, l'histoire était légèrement différente et bien plus méchante (cela aurait été la femme enceinte qui découvrait le labyrinthe ainsi que le faune avec lequel elle aurait une aventure...). Le Labyrinthe de Pan surprend aussi par la violence des affrontements militaires/rebelles. Plus que Ofelia et le labyrinthe, c'est bel et bien le contexte historique le véritable intérêt du long-métrage, mis en parallèle avec l'intrigue fantastique, elle aussi dotée d'une maturité étonnante. Le film doit aussi beaucoup à ses personnages, et notamment à ses monstres, dont le plus effrayant restera sans doute l'humain le plus détestable du moment, le capitaine Vidal (Sergi Lopez), un militaire despotique, froid, cruel et obsédé par l'héritage qu'il laissera à son fils. On a droit ainsi à une pure incarnation du mal, une figure terrifiante du fascisme. Le Labyrinthe de Pan s'affiche sûrement comme un chef-d'oeuvre.