Un titre aussi beau ne peut qu'attirer l'attention surtout que, dès les premières images, ces dernières sont aussi évocatrices que son titre.
Le film suit un criminel cherchant la rédemption par procuration qui croisera la route d'une "baigneuse" souhaitant s'émanciper de sa condition. Lyriques et romantiques, ces deux personnages vont s'enfoncer dans les méandres de la criminalité et de la trahison - milieux qu'ils connaissent mais dont ils découvrent les horreurs. Le scénario se veut assurément classique même parfois mince en raison de sa structure nébuleuse et son manque de repère. Davantage d'explicitation n'aurait pas fait de mal pour souligner un propos plutôt faible. Pourtant, ce dernier est intéressant et prend toute son ampleur grâce à sa contextualisation figurant les embouches sociales et la destruction des espoirs de la Chine du début des années 2010. A l'opposé, la réalisation en tout point maîtrisée et inventive de Yinan se révèle la véritable force de ce métrage. La photographie somptueuse et les cadrages précis de nombreuses séquences développent le propos par l'image et démontre d'une maîtrise totale du langage visuelle. Ainsi, Yinan emmène les scènes d'actions dans un autre niveau par l'utilisation inhabituelle d'objet du quotidien et de superbes plans fixes. Il bâtira même une séquence particulièrement tendue sur un tube de Boney M (!). Génial et ludique, le cinéaste chinois parvient à redoubler d'imagination.
LE LAC AUX OIES SAUVAGES est donc une découverte marquante à bien des égards mais manquant de souffle dans son écriture. La mise en scène, par contre, vaut absolument le détour.