Diao Yi'nan livre un film centré sur l'esthétisme, suivant le style désormais très codifié des films noirs chinois actuels : jeux d'ombres et de lumières travaillés, cadre architectural morne, bétonné et délabré, pluie incessante, au moins une scène onirique (celle du zoo) parmi un mélange d'action et d'introspection. Le Lac aux oies sauvages est un beau film, et se regarde avec plaisir, mais il n'apporte pas de nouvelle proposition. Si ce n'est de la cocasserie, par l'insertion de moments inattendus et plutôt violents (la décapitation en moto, le parapluie). Le scénario est assez mince et on a du mal à percevoir de vraies émotions, les acteurs menant une partition plutôt désincarnée. J'avais reproché aux Eternels de Jia Zhang-ke sa lenteur, mais ses protagonnistes m'avaient largement plus touchée.
Le Lac aux oies sauvages ne laissera donc pas un souvenir impérissable. La scène la plus authentique du film selon moi est paradoxalement la moins stylisée, c'est la scène de clôture avec cette marche lente, en bloc, de deux femmes se rassérénant petit à petit.