Ce film a réussi à me tenir en haleine après un Nouvel An assez festif. Si ce n'est pas une preuve de qualité.
Premièrement la photographie est extrêmement soignée. Les couleurs sont très belles avec juste assez de lumière pour être poétique et pas trop pour ne pas être trop surréaliste. Tout ça est bien sûre portée par une façon de filmée extrêmement langoureuse, extrêmement lente. Le réalisateur prend le temps de filmer les personnages à la fois en plan fixe et aussi avec des mouvements de caméra qui offrent des angles assez inventifs et déroutants. Et qu'ils sont beaux ces personnages (la scène du bandage). Certains les trouvent apathiques mais il n'y a pas besoin de tout expliquer avec des dialogues lourdingues pour comprendre leurs motivations et leurs contradictions. Il prend aussi le temps de filmer les environnements. Ce lac donne l'impression d'être dans un exo-monde magnifique coupé du reste du pays avec une très belle scène de fellation.
Le film est aussi inventif dans son montage et ses transitions. La structure en analepse peut perdre l'attention des plus faquins avec peut être une trop grande lenteur, mais cela sert le montage dans la mesure où la poursuite du dialogue sera filmée différemment avec des plans et mouvements qui ne sont pas juste des champs-contre-champs bateaux. La force du montage se retrouve très certainement dans les scènes de combats au corps-à-corps. En effet, la tension monte puis ça devient très nerveux, brutal et viscéral. Car non seulement c'est découpé très vite, mais c'est découpé très vite sur des plans resserrés, sur la main qui effectue le coup, sur le corps qui le reçoit ou sur le visage tordue par la surprise et la douleur. C'est assez gore et rapide, ce qui tranche complètement avec le reste du film.
Il y a un contraste lenteur/vitesse maitrisé qui se retrouve dans les autres scènes d'actions. Les scènes au pistolet change complètement de registre. L'une fait western, l'autre fait samourai avec des jeux d'ombre (aussi présent dans des scènes de dialogue ou de poursuite) et nous savons bien que ces deux genres sont intimement lié. Les mêmes bruitages des films de samouraï y sont présents.
L'histoire n'est pas fondamentalement originale ni même très intéressante. L'essentiel des forces est concentré sur la mise en scène qui alterne entre action et contemplation (j'ai bien aimé la scène du dernier repas de nouilles pourtant assez anodines avant une ultime scène d'action), beauté et brutalité, silence et brouhaha.