En effet, je ne peux que me joindre aux défenseurs du film.
C'est du grand Ray, celui où il parvient à sonder l'âme (et ses états) des personnages avec une manière assez unique de s'attarder sur les visages, de capter un regard, de parcourir un décor etc... Il reste de ce point de vue là un formidable directeur d'acteurs d'autant que les émotions dépeintes dans le film sont complexes et ne sont pas toujours expliquées ou résumées par des dialogues.
Même si le film demeure incroyable d'un point de vue visuel avec une économie de moyen virtuose qui exploite admirablement bien les quelques décors du film pour un noir et blanc ciselé, c'est surtout le travail sur le son qui m'a subjugué et qui confère cette ambiance lugubre, oppressante et presque surréaliste (dans son sens kafkaïen).
Les personnages sont en plus très bien écrit même si je n'aurais pas été contre d'approfondir le rôle du mari (dont la psychologie est parfois contradictoire d'une scène à l'autre sans que cela se justifie vraiment par rapport au scénario et à l'évolution du "lâche").
En tout cas, la description des tourments intérieurs de ce scénariste sont très bien dépeints avec une dimension très mélancolique, et presque existentialiste, sans pour autant lui ôter son comportement égoïste, qui remplace sa lâcheté de jeune adulte. Et même si l'on partage et comprends son trouble, il est difficile de ne pas le trouver abject par moment. En face de lui, son ancien amour d'étudiant lui oppose une froideur désabusée avec une certaine cruauté, sans basculer dans le cynisme. Une cruauté qu'on ne peut pas lui reprocher vu ce qu'elle a traversé et la manière dont on l'a traité.
Ce n'est pas la chose la plus évidente que de nous faire partager deux points de vue autant opposés et l'on ne peut que louer Ray d'y être parvenu avec une durée si brève d'ailleurs. Tous ces différents sentiments antinomique sont à ce titre incroyablement réunis dans l'ultime séquence, tout de force visuelle et psychologique.