Si "Le Lâche" est l'un des films les moins connus du grand Satyajit Ray, il est à mon avis l'un des plus émouvants, l'un des plus pertinents aussi : le regard lucide, sans complaisance, habituel de Ray, qui s’attache à décrire ses personnages dans toute leur complexité humaine, leur conférant par là même une dimension universelle, baigne ici en outre dans un léger parfum de poésie quasi rohmerienne. C'est aussi que "Le Lâche" peut être regardé comme un miroir que le cinéaste se tend à lui-même, où il remet la morale et l'éthique de son métier en cause : peut-on vivre en représentant la vie, ou n'est-ce qu'une lâcheté ? [Critique écrite en 1993]