A la lecture du pitch, on se dit que ça fait sûrement partie des films qu’on a déjà vu avant même de l’avoir fait. Que le combo film social + adolescent + violence commence à lasser à force. Néanmoins, sans être d’une originalité absolue, on aurait tort de passer à côté de Le Lendemain, car il parvient à atteindre une justesse toute particulière sans trop forcer, en plus de donner des points de vue que les autres films du même genre ne développent pas forcément.
Le Lendemain, c’est d’abord un récit basé sur des non-dits. Enfin surtout un, qu’on ne tarde pas à deviner avec finesse grâce à plusieurs détails, sans donc qu’un personnage l’annonce de manière grossière, ce qui est déjà ça. Un non dit de violence qui est le point central du récit et qui pèse sur tous les lieux, tous les personnages. Davantage qu’un réquisitoire pour le droit à la réinsertion comme le faisait déjà bien Boy A, le film de Magnus Von Horn agit plus comme un catalyseur d’une violence fonctionnant en cercle vicieux, où la culpabilité se heurte au désir de justice. Justice qui, dans les faits, a déjà eu lieu (même si deux ans d’emprisonnement pour un tel crime, même juvénile, paraît quand même bien peu), mais reste inassouvie dans le cœur des proches de la victime. Quitte même à frôler le même degré violence à l’origine du crime, sans se poser la question de l’illégitimité de cette violence en retour.
Néanmoins, le plus important reproche que l’on peut faire au film c’est d’amener beaucoup trop tard dans le récit le lieu ô combien central du lycée, qui rassemble presque à lui tout seul toute la force dramatique du film tant les personnages qui l’occupent en sont le cœur. Ce qui se déroule sous nos yeux en attendant ne manque certes pas d’intérêt pour autant, avec notamment la lente mais précise introduction de la situation ainsi que le retour à la vie quotidienne après la prison. Mais la pertinence du lycée apparaît comme tellement évidente après coup que retarder cette entrée est un vrai problème structurel, d’autant plus que le film avant ça frôle certains lieux communs.
Heureusement, Von Horn fait également preuve d’une grande finesse de mise en scène, à défaut de quelques éléments du récit peu crédibles (comme le fait qu’il paraisse normal qu’il soit réintégré dans la même classe que sa victime. Le lycée, à la limite, mais la même classe, tout de même…). Oui, les plans témoignent d’une certaine lenteur rythmique qui ne surprend pas trop dans ce genre de film social. Cependant, ces plans sont montés avec une finesse d’émotion remarquable, permettant à la violence des situations de s’exprimer avec toute leur dureté inhérente tout en servant le propos du réalisateur sur ce terrible engrenage. Les résultats de cette violence sont par exemple montrés tard dans les scènes, comme pour en souligner l’impact et laissant ainsi le spectateur seul avec son ressenti avant la vision de ce résultat.
Le Lendemain n’est certainement pas parfait, souffrant de longueurs et d’un manque d’aboutissement. Mais il a le mérite de tenter une approche assez différente des autres films sur le sujet, et de le traiter avec finesse et dureté.
A retrouver sur mon blog.