Cougar Town

Si "The Morning After" figure incontestablement parmi les œuvres mineures du très prolifique Sidney Lumet, ce polar mâtiné de romance, de drame et même de comédie mérite néanmoins le coup d'œil.

En effet, Lumet peut compter sur l'implication sans faille de Jane Fonda, encore bien séduisante à l'aube de ses cinquante printemps, qui retrouve d'une certaine façon son personnage d'actrice ratée et nymphomane de "Klute", laquelle serait toujours aussi complexe et paumée, et devrait en prime affronter le poids des ans. Tout comme le film de Pakula, "The Morning After" est donc au moins autant un beau portrait de femme qu'une enquête policière classique.

Heureusement d'ailleurs, car c'est du côté de l'intrigue policière que le bât blesse : trop prévisible en raison du faible nombre de personnages, lesté d'invraisemblances et de facilités, le scénario ne tire pas le film vers le haut - sans être désagréable ou honteux, je le précise, offrant au public sa dose de mystère et de frisson.

Disons que cette intrigue un peu lourde, avec confrontation finale de tous les protagonistes (réunis par une coïncidence bien pratique au même endroit et au même instant) contribue à ancrer davantage le film dans les années 80.

Au cas où le brushing-choucroute de Jane Fonda ne l'aurait pas encore suffisamment fait…

On pourra enfin regretter le happy end presque forcé, là où un dénouement amer semblait tout indiqué pour conclure ce portrait parfois très sombre d'une ex-actrice alcoolique. Cette question illustre bien la difficulté de Lumet à situer clairement son film, partagé entre polar grand public et chronique désabusée.

Je ne peux achever cette critique sans dire un mot sur Jeff Bridges, dans la peau d'un péquenot bourré de préjugés mais loin d'être sot, qui parvient brillamment à tenir tête à sa partenaire, plus âgée et plus célèbre, pour former un couple atypique mais finalement touchant.