Le constat est sévère mais pendant que les Américains sortaient À la poursuite du diamant vert, la France proposait Le Léopard. Deux comédies d’aventures autour d’un baroudeur mal léché et d’une romancière à talons hauts qui, en dépit d’une grande similitude quant à leur point de départ, n’ont rien emprunté l’une à l’autre puisqu’elles ont été produites en même temps. Mais tandis que le film de Robert Zemekis est une trépidante chasse au trésor, celui de Jean-Claude Sussfeld est pénalisé par un script qui ne sait jamais où il va. On peine ainsi à comprendre pourquoi nos deux têtes d’affiche se décident à partir pour l’Afrique et ce qu’ils cherchent très exactement là-bas. La fadeur de cette comédie d’aventures trouve sa source ici : avec son intrigue illisible, elle est totalement décousue et ne repose que sur ses péripéties et ses personnages.
Si elles sont parfois tirées par les cheveux, les péripéties ne manquent pas de punch. Descente dans les rapides, course à cheval sur des autruches, poursuite en locomotive et dans toutes sortes d’engins que n’aurait pas renié George Miller forment un ensemble de saynètes qui, à défaut de cohérence, donnent du rythme à l’ensemble. Ficelé en à peine 1h30, le résultat n’ennuie jamais parce qu’il joue sans cesse de ses rebondissements même si le milieu du film tire un peu à la ligne. Dommage que ses personnages soient si caricaturaux et pas toujours bien incarnés. Les premiers rôles (ce qui n’enlève rien à leur talent) manquent un peu de charisme pour porter ce genre de films, les autres rôles sont totalement transparents. Le réalisateur a cependant la bonne idée de ne pas tomber dans la romance idiote et convenue.
Le résultat n’est pas franchement désagréable. On y trouve de belles images de l’Afrique mais on ne croit pas une seule seconde à la dangerosité de cette aventure. Les hommes de main, même si on en a l’habitude, raterait un éléphant dans un couloir ; le final, qui lorgne sur James Bond, frise le ridicule ; le méchant ne fait jamais illusion. On n’est donc pas chez Spielberg ou de Broca, mais dans une production trop pantouflarde pour convaincre, surtout en 1984. Son échec en salles et dans les video-clubs l’a rapidement sorti des écrans radars même s’il vient de connaître une sortie récente en DVD et en Blu-ray. Pas certain que ce soit une chance suffisante pour lui de se racheter.