Ce n'est pas sans appréhension qu'on découvre une œuvre de la réputation de ce Limier. Sera-t-il à la hauteur de nos attentes?

La réponse est oui, bien sûr. Pour les prestations de Laurence Olivier et de Michael Caine, évidemment. Pour la mise en scène magistrale de Mankiewicz, signant sa dernière réalisation. Loin de nous faire oublier que nous sommes dans une pièce de théâtre, il renforce au contraire cet aspect. Ainsi le début et la fin nous rappellent cet état de fait, et le film entier prend l'aspect d'une mise en abyme. Ou devrait-on dire, de mises en abyme. Car le personnage joué par Laurence Olivier étant auteur de romans policiers, tout le film semble tiré d'une de ses histoires alambiquées. Nous en avons un aperçu au début du film, alors qu'il dicte la conclusion de l'une d'entre elles.

Revenons au début donc, et à cette incroyable ouverture dans le labyrinthe, qui contient en germe tout le film, étant manifestement une métaphore de l'esprit tortueux, mais ludique bien que pervers de l'intrigue, entre autres. Cette discussion cordiale qui devient d'un coup pleine de tensions, alors que nous comprenons la raison de la présence du personnage joué par Michael Caine. Et puis, l'escalade systématique, les personnages tour à tour manipulés comme les automates qui jonchent le manoir.

Tout cela sur un propos de lutte des classes, clairement évoqué dans le film et appuyé par le choix des acteurs, le shakespearien Laurence Olivier, maître du manoir, face au plus plébéien Michael Caine, jouant un Don Juan d'origine italienne. Et tout d'un coup le film prend, encore, une autre dimension.

Et peu importe que certains dénouements soient attendus, puisque, dans une espèce de démesure baroque, le film va toujours au-delà, le tout dans un dispositif d'une étonnante simplicité. A l'image des jeux dont le personnage de Laurence Olivier est passionné, le tout s'avère incroyablement ludique, fourmillant de répliques plus croustillantes les unes que les autres, le tout avec une montée dramatique culminant dans une scène... Mais il convient de s'arrêter là, et de laisser ceux qui ne l'ont pas vu découvrir le film.

BigDino
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le 19 juil. 2024

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