Le livre d'Éli, c'est un peu un croisement entre Ken le survivant et Fahrenheit 451. Deux références très honorables mais qui pourraient ne pas "coller" ensemble, cependant le pari est gagné : une fois que l'on a intégré qu'on s'apprête à regarder un film avec un héros invincible, Le livre d'Éli s'avère être bon, et même très bon. Il s'agit à ma connaissance de la première fois qu'un film post-apocalyptique accorde autant d'importance à une thématique culturelle (préserver les trésors de la culture humaine pour les générations futures), alors que cela devrait être une évidence. Un exemple parmi d'autres (pas le plus représentatif mais qui permet de ne pas divulgâcher la fin !), lorsque Solara demande à Éli de lui apprendre à lire, scène qui m'a évoqué le film L'homme qui tua Liberty Valance.
Le thème de la religion y est par ailleurs très bien traité, puisqu'il laisse place à une certaine ambiguïté : Éli et Carnegie, qui sont pourtant obsédés par le même texte, aboutissent à des conclusion radicalement opposées quant à ce qu'ils doivent en faire.
Un autre point fort du Livre d'Éli est que les méchants, s'ils sont certes exclusivement motivés par leur intérêt personnel, ne sont pas caricaturalement méchants comme ils le sont souvent dans les films de post-apo. Les motivations de leurs actes sont toujours explicites, contrairement au premier Mad Max par exemple qui étonnait par la cruauté gratuite de ses vilains. Si on ajoute à ça de bons acteurs, de bonnes scènes de combat et une bonne maîtrise du rythme de l'intrigue, on obtient un film qui me semble vraiment très sous-estimé.