L’originalité n’ayant jamais été le maître mot de la filmographie des frères Hughes (From Hell, Broken City), leur vision d’un futur post-apocalyptique ne propose pas grand-chose de renversant. C’est un peu comme si La Route avait rencontré Mad Max et Fahrenheit 451 en même temps. C’est-à-dire que l’essentiel de leur film aura un fort air de déjà-vu pour qui s’est déjà frotté au registre du cinéma post-apocalyptique. Cela dit, le retournement final, lui, s’éloigne suffisamment des sentiers battus pour être apprécié à sa juste valeur. De même, le talent des frères Hughes pour la mise en scène permet au spectateur de ne pas s’ennuyer, le film étant rythmé par des scènes de combat bien chorégraphiées et pour la plupart bien mises en scène.
Autre originalité, le fond biblique donné au film, qui lui apporte un grand intérêt, quoiqu’il en constitue également l’une des limites. En effet, il entraîne le scénario dans certains poncifs un peu éculés, tels que ce méchant composé (plutôt bien, par ailleurs) par Gary Oldman, qui voit dans la Bible et son discours un moyen de contrôler les masses, personnage qu’on a déjà l’impression d’avoir vu mille fois au cinéma. A cela s'ajoute également quelques incohérences ou facilités scénaristiques, parfois nécessaires au fond du film (Denzel Washington est vraiment un surhomme : dicter la Bible entière par cœur, alors qu’on est en train de mourir à petit feu, d’une balle dans le ventre, il faut le faire ! D'ailleurs, il a la capacité d'entendre la voix des scénaristes comme si elle venait droit de son coeur), mais tout de même assez incongrues.
Reste que le parcours d’un homme à travers un monde désorienté et déshumanisé auquel il tente tant bien que mal de donner une certaine transcendance est plutôt touchant, et souvent narré de manière très juste.