Attention. Ceci est un billet d'humeur. Non pas à dessein de détruire le travail d'une équipe d'artisans dont le talent inégalé à ce jour n'est de toute façon pas à prouver. Comme l'a déclaré le génial Richard William ( directeur de l'animation sur Roger Rabbit), dans son ouvrage de référence, on ne peut atteindre le niveau des studios Disney, en terme de mouvement, de volume et de corps. Le fait est que cette firme connait son affaire et a toujours su exploité de multiples talents dans une osmose et une rigueur remarquable, leur assurant de toujours être les meilleurs sur le marché de l'animation.
En revanche, le livre de la jungle a ceci d'énervant qu'il confirme, encore à l'heure actuelle, à quel point Disney trait la culture européenne jusqu'à la dernière goutte. Désolé pour ceux dont c'est toute l'enfance, mais pour moi, on touche à la mienne en éviscérant le texte de départ- Bon, par contre pour Victor Hugo allez-y comme vous l'entendez, personne n'a lu jusqu'au bout, et vu le concentré de xénophobie et de sexisme qu'est Notre Dame de Paris, on ne vous en voudra pas.
Pour Kipling, par contre, vous avec craqué. On n'écorne pas un chef-d'œuvre du maitre anglais comme ça. Parce qu'il ne faut pas déconner, si le livre de la jungle a eu un tel impact sur les mouvements de jeunesse et la culture en général, c'est qu'il touche a des concepts et notions fondamentales: éducation, passage à l'âge adulte, respect de la nature et de la communauté, etc... Imaginez: c'est comme si Disney avait réécrit le seigneur des anneaux de peur que ce soit trop complexe, en faisant de Saruman un méchant comique et incompétent. Pas sûr que les Tolkiendil auraient apprécié. Que Disney aseptise les contes, c'est déjà débattable bien qu'eux même aient déjà été fameusement édulcorés sous la plume de Perrault et Grimm. Mais le livre de la Jungle, c'est quand même l'émanation des valeurs britanniques sous une forme poétique et empreinte d'allégories qu'adultes et enfants s'amusent a décrypter. Alors, certains viendront dire que c'est un texte dépassé et problématique, que Disney a bien fait de nous dispenser de la morale de Sir Rudyard Kipling... Je veux bien être ouvert mais soyons sérieux un instant: Disney et moderne, vous ne sentez pas comme un problème?! Ben voyons: Ils ont fait des Bandar log des danseurs de Jazz ( doublés par des personnes de couleur), des vautours des hippies ( parce qu'ils planent), des éléphants un vieux clichés d'armée dirigée par un vieux macho ( bon, ça, à la limite), et de Baloo un beatnik... Et le plus criminel, ainsi que la preuve d'une pensée réactionnaire états-unienne à faire rougir l'auteur de honte: la fin. Là où la vision de Kipling visait à faire Mowgli un homme nouveau, ayant muri au point de devenir le maitre de la Jungle, l'Oncle Sam en fait un ahuri qui suit la première paire de s... Euh d'yeux qu'il voit, et hop, retourne vivre chez les siens en n'ayant rien retenu/appris de son Odyssée. C'en est affligeant de bêtise. Merci Disney.