Le livre des solutions décrit un cinéaste en surchauffe permanente d'idées qui ressemble comme deux gouttes d'eau à un certain Michel Gondry, tel que l'on se l'imagine, en tous cas, à savoir vibrionnant, maniaque, fantasque et par conséquent impossible à gérer pour son entourage. Le film-portrait, du metteur en Cévennes, qui s'agite dans tous les sens, est un bel exercice d'auto-dérision, avec un éloge appuyé du bricolage en guise de méthode de travail et du coq à l'âne pour ce qui est de l'imagination débridée. Ce côté foutraque et burlesque fait l'intérêt du film mais en trace aussi les limites avec des scènes parfaitement merveilleuses (l'orchestre) et d'autres, sorties de nulle part, auxquelles il est difficile de concéder un sourire (c'est quoi, cette obsession pour les Super U ?). Peut-être que le film aurait pu être plus généreux avec les personnages proches du réalisateur génial et dément, à l'image de la tante Denise, incarnée par une Françoise Lebrun parfaite en contrepoint tranquille de son neveu illuminé. Il est dommage, par exemple, que Blanche Gardin soit aussi peu employée. En revanche, Pierre Niney, gâté par le cinéaste, trouve le ton juste pour paraître crédible dans ce grand oral, dans une démesure très maîtrisée, avec de jolis moments de spleen qui rendent son personnage infiniment humain et même sympathique, à partir du moment ou nous n'avons pas à le côtoyer dans la vraie vie.