Lorsque l'on regarde et un film et qu'on se dit "jamais je n'ai vu *tel truc* utilisé comme ça", c'est généralement plutôt bon signe. Ou signe d'un inculture de ma part, mais là j'ose croire que certaines choses dans ce film sont vraiment singulières.
Michel Gondry nous revient après un long moment sans fiction, et on comprend pourquoi quand on voit celle-ci. L'histoire d'un réalisateur, c'est forcément un peu autobiographique, et là ça l'est beaucoup : des faits réels mêlés à des éléments de fiction, qui racontent les déboires que Michel Gondry a connu sur l'écume des jours, tourné dans la vraie maison de sa tante dans les Cévennes, avec un personnage bipolaire qui pollue son entourage. Le moins qu'on puisse dire, c'est que Gondry n'est pas tendre avec lui même, si seulement la moitié de ce qu'on voit est vrai. Une représentation jamais vue de la maladie mentale, à mi chemin entre le burlesque et le tragique, où Pierre Niney s'en donne à cœur joie dans le rôle du créateur génial mais instable.
Le film évite l'écueil de la complaisance, de l'auto-justification, en montrant son personnage principal comme explicitement hors-sol, mais que son équipe suit parce que ses idées, complètement farfelues la plupart du temps, fonctionnent. On suit un personnage qui s'auto persuade de choses, notamment par cette voix-off géniale, qui pour moi donne tout le ton du film : léger et naïf en apparence, mais qui dissimule dans le déni une réalité bien plus triste. C'est cette clé qui nous est donné dans la dernière partie du film, où on voit un Marc déprimé, seul dans son appartement, qui va progressivement réapprendre à vivre avec les autres. Et la grossièreté scénaristique de l'histoire d'amour qui va trop vite mise à part, je ne vois pas de raison de ne pas aimer ce film drôle, touchant, et unique en son genre.